Toute décision concernant le mouvement du Hezbollah qui vient d'être classé par le Conseil des ministres arabes de l'Intérieur comme «organisation terroriste» est du seul ressort des Libanais. C'est la position officielle de l'Algérie qui refuse catégoriquement d'interférer dans les affaires d'autres pays. Abdelaziz Benali-Chérif est catégorique sur la question : «L'Algérie, pour qui la non-immixtion dans les affaires internes des autres pays est l'un des principes directeurs de sa politique étrangère, s'interdit toute interférence dans ce dossier et refuse de s'exprimer aux lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d'une manière exclusive». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par l'agence APS a, tout en rappelant que «le Hezbollah est un mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage social et politique du Liban et qui participe aux équilibres fragiles patiemment et laborieusement négociés dans ce pays, notamment en vertu des Accords de Taëf dont il a été partie prenante, a estimé que «toute décision concernant ce mouvement doit donc émaner des Libanais eux-mêmes». Cependant, le même responsable juge qu'«étant membre de la coalition gouvernementale et acteur au niveau du Parlement libanais dans lesquels il compte de nombreux représentants», le mouvement dirigé par Hassan Nasralah «a lui également le devoir de ne pas s'ingérer dans les affaires des autres et d'éviter toute implication dans la déstabilisation de son environnement». Les déclarations de Benali-Chérif interviennent au lendemain des propos tenus Ramtane Lamamra en marge de son entretien à Alger avec son homologue angolais. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a indiqué que «nous devons respecter la Constitution du Liban et les dispositions sur lesquelles repose la coexistence dans ce pays», tout en rappelant le principe de l'Algérie de non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays. L'Algérie s'est vue donc contrainte de s'exprimer officiellement sur la question, puisque le communiqué ayant sanctionné les travaux de la 33e session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, tenue mercredi dernier à Tunis, n'a pas pris le soin de mentionner les pays qui se sont opposés à cette décision. L'Algérie, représentée par Noureddine Bedoui, a voté contre cette résolution au même titre que le Liban, tandis que l'Irak a exprimé des réserves. D'ailleurs, la décision concernant le Hezbollah n'a été prise qu'une fois la présidence tournante du Conseil en question a changé de tête, le 2 mars, passant de l'Algérie au Bahreïn. Cette monarchie, également membre du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) aux côtés de l'Arabie saoudite, du Qatar, des Emirats arabes unis, du sultanat d'Oman et du Koweït a donc usé de son poids pour condamner le mouvement politico-militaire libanais et approuver l'avis du CCG. Une résolution justifiée par «la poursuite des actions hostiles des milices (du Hezbollah) qui recrutent les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes». Mais il est clair que la décision cache bien le différend qui existe entre Ryad et le Hezbollah. Les Al Saoud veulent en effet obliger le gouvernement libanais à influer sur une éventuelle décision du mouvement de Nasrallah à se retirer de Syrie. Ils n'ont d'ailleurs pas lésiné sur les moyens de pression, puisque en date du 19 février dernier, l'Arabie saoudite a annoncé l'interruption de l'aide de trois milliards de dollars US qu'elle accordait annuellement à l'armée libanaise, outre l'annulation d'un autre montant d'un milliard de dollars US, représentant une opération précédente.