L'Algérie a refusé de qualifier le Hezbollah libanais d'organisation terroriste, alors que ce mouvement politique est membre de la coalition gouvernementale. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Abdelaziz Benali-Cherif en commentant la position de l'Algérie à la suite de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays arabes et de la coopération internationale, suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale à la suite de la décision du Conseil des ministres de l'Intérieur des pays arabes de considérer le Hezbollah libanais comme étant une organisation terroriste, notre porte-parole dans une déclaration à l'APS, a souligné qu'«il y a lieu de rappeler, d'abord que le Hezbollah est un mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage social et politique du Liban, et qui participe aux équilibres fragiles patiemment et laborieusement négociés dans ce pays, notamment en vertu des Accords de Taëf auxquels il a été partie prenante». «Toute décision concernant ce mouvement doit, donc, émaner des Libanais eux-mêmes. L'Algérie, pour qui la non-immixtion dans les affaires internes des autres pays est l'un des principes directeurs de sa politique étrangère, s'interdit toute interférence dans ce dossier et refuse de s'exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d'une manière exclusive», a-t-il souligné. «Ceci dit, il est clair que ce mouvement, membre de la coalition gouvernementale et acteur au niveau du Parlement libanais dans lesquels, il compte de nombreux représentants, a lui également le devoir de ne pas s'ingérer dans les affaires des autres et d'éviter toute implication dans la déstabilisation de son environnement», a-t-il précisé. «L'Algérie continuera, pour sa part, à agir pour éviter les dissensions et renforcer la solidarité entre les pays de la sphère arabo-musulmane», a ajouté le porte-parole du MAE. Réactions côté libanais Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et plusieurs pays ont critiqué jeudi une décision du Conseil de coopération du Golfe (CCG) de considérer comme «terroriste» le puissant mouvement libanais, appelant à éviter que des «divergences de vues politiques» entre le Hezbollah et Ryadh n'affectent le Liban. M. Nasrallah a estimé que Ryadh «ne devrait pas punir collectivement le peuple libanais au seul motif qu'elle a des divergences de vues politiques» avec le Hezbollah ou parce qu'«un parti en particulier a pris une certaine position». «Si vous (les Saoudiens, ndlr) avez un problème avec nous, vous pouvez continuer en ce sens (...) mais qu'est-ce que le reste du Liban a à voir avec ça ?», a-t-il demandé. Le Hezbollah est un symbole de la résistance au Liban créé dans les années 1980 dans la foulée de l'invasion israélienne du pays. Les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG - Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Koweït, Emirats arabes unis et d'Oman) ont annoncé mercredi la décision de considérer «terroriste» le mouvement libanais. Cette mesure, la première du genre prise collectivement par les pays du CCG, intervient dans un contexte de forte tension entre ces monarchies et le Hezbollah, accusé de prendre des positions jugées hostiles à l'égard de l'Arabie saoudite. La décision du CCG rejetée par plusieurs pays L'Iran a averti jeudi que la décision des monarchies arabes du Golfe mettait en danger la stabilité du Liban. «Ceux qui qualifient le Hezbollah de terroriste nuisent volontairement ou non à la sécurité et à la stabilité du Liban», a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dont le pays est un allié du mouvement libanais, que Téhéran qualifie de «champion de la lutte contre le terrorisme dans la région». La Syrie a dénoncé, pour sa part, la position du CCG à l'encontre du Hezbollah, réitérant son soutien au mouvement libanais, notamment dans «sa résistance contre l'ennemi israélien ainsi que ses actions contre le terrorisme». En Tunisie, la société civile et des partis po litiques ont par ailleurs rejeté une décision similaire, mercredi, du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur de considérer le parti libanais de Hezbollah comme organisation terroriste», appelant «toutes les forces dans leur pays et dans le monde arabe à rejeter cette décision et à assumer leurs responsabilités». Les Tunisiens ont également rappelé «les sacrifices consentis par le Hezbollah dans la lutte contre le terrorisme sioniste», relevant qu'«aujourd'hui, il participe, activement, dans la résistance contre l'agression internationale sur la Syrie». Une crise diplomatique oppose depuis février l'Arabie saoudite, soutenue par le Conseil de coopération du Golfe, et le Liban, à qui Ryadh reproche de ne pas avoir pris parti en sa faveur pour «dénoncer l'incapacité de l'Iran à empêcher» des manifestants de pénétrer dans l'ambassade saoudienne à Téhéran en janvier. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a expliqué mi-février que le Liban ne s'était pas associé à la déclaration des ministres de l'Intérieur arabe au Caire car ce texte «classait le Hezbollah comme organisation terroriste». Le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a dit regretter la décision saoudienne, appelant Ryadh à revenir sur sa décision de mettre fin à l'aide militaire et sécuritaire