On le dit hanté par Kafka, habité par Dostoïevski… Le poète et auteur irakien Borhan Chaoui est tout ça et bien plus lorsqu'on se penche sur son parcours de création. Borhan Chaoui a été invité hier matin à se raconter à l'occasion du «Samedi du verbe» qui s'est tenu au palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger. Beaucoup de monde à cette rencontre très attendue, même le ministre de la culture, Azzedine Mihoubi, est sorti de son bureau pour y assister. Borhan Chaoui est connu ici. Et lui aussi, il en connaît un bout sur l'Algérie. Plus jeune, lui et ses camarades de classe, s'enlisaient avec beaucoup de plaisir dans la littérature algérienne. Ils se sont imprégnés notamment de Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Tahar Ouattar… Pour ce dernier, Borhan Chaoui a dû faire appel à de vieux souvenirs. Il a raconté au public une anecdote qui le fait encore rire aujourd'hui. C'était lors d'une conférence où Tahar Ouattar faisait une présentation. Cela concernait son ouvrage les Martyrs reviennent cette semaine. Et pour l'Irakien, le bugg a eu lieu dès l'instant où l'auteur algérien s'est mis à parler en arabe dialectal algérien. Et chacun sait, rappelle Chaoui, que pour certains mots tels que poisson, le sens en langue arabe classique et en arabe algérien, n'est pas du tout identique. Au-delà, Borhan Chaoui s'est livré sur les principes de rédaction à partir de la poésie jusqu'à celle du scénario en passant par le roman. L'enfer Son style, il le dit, dès qu'il a atteint la cinquantaine, il a réorienté sa plume. Son inspiration s'est notamment déployée dans le romanesque. Quittant la poésie pour un instant, Borhan Chaoui s'est notamment fait reconnaître pour les six et bientôt sept volumes de Matahette (Labyrinthes). Six ouvrages dont Matahette Adam, Matahette Houwa, Matahette Iblis … qui seront prochainement rejoints par trois autres. L'écrivain irakien a choisi cette formule pour illustrer son enfer à lui. Il s'est inspiré de l'enfer de Dante où les sept cieux pèsent sur l'humanité pour en créer, quant à lui, neuf. Labyrinthes est considéré comme le roman le plus long après les mille et une nuits. Il est cette succession de personnages et de petites histoires qui se nourrissent aussi bien du mal que du bien, du paradis que de l'enfer, de l'amour comme de la passion mais aussi et surtout de cette violence et du sang qui a ravagé le pays d'origine du poète. sur l'Irak, Borhan Chaoui, accusera les Etats-Unis d'Amérique de l'avoir détruit. Il dénoncera l'enfer dans lequel les américains ont plongé les tribus vivant du temps de Saddam Hussein, en paix. Il évoquera sa jeunesse dans ce pays qui lui a tout donné avant de s'enliser dans une guerre interminable. Il évoquera aussi l'impact de ses études en URSS, à Moscou, où il a étudié pendant quatre années dans une école de cinéma. Borhan Chaoui a tout dit de la passion amoureuse qu'il entretient soigneusement avec les mots. Une passion tantôt poétique, tantôt amoureuse. Une passion illimitée.