Parce qu'ils avaient osé écrire à la direction des transports afin de dénoncer une augmentation illégale du prix du ticket de bus, de nombreux voyageurs ont été abandonnés à leur propre sort, mardi soir, par les transporteurs desservant la ligne Béjaïa-Tala Hiba, dans la commune de Toudja, à 30 km du chef-lieu de wilaya. Pour la plupart des étudiants et des travailleurs, les voyageurs ayant constaté depuis une semaine que les transporteurs de leur commune avaient décidé de majorer de 5 DA le prix du ticket, avaient saisi les services des transports de la wilaya pour signaler cette violation de la réglementation. Conviés à une séance de travail à laquelle a pris part l'association Itij Nesbah, représentant les citoyens du dit village, «les transporteurs ont claqué la porte au milieu de la réunion et décidé, sans avertir, de déserter la gare routière, nous laissant sur les quais la mort dans l'âme», témoignent les voyageurs rencontrés à la station interurbaine de bus de Béjaïa. Les tarifs qui avaient été revus à la hausse au mois de février ont prévu une augmentation de 10% sur les lignes ne dépassant pas les 30 km. Mais les propriétaires de bus l'ont arrondi à 10 DA, soit 50 DA au lieu de 44 DA, selon les voyageurs, ce qui a provoqué le courroux de ces villageois qui dénoncent «le manque de fermeté des pouvoirs publics devant les appétits insatiables des transporteurs». Contacté, le président d'Itij Nesbah, Aït Hamlet Mohand Saïd, juge inadmissible ce mépris envers des citoyens qui ne demandent, selon lui, qu'un alignement sur les tarifs fixés par la direction des transports. «Nous sommes en réunion avec tous les villageois pour décider d'une action commune afin de dénoncer le diktat des transporteurs», ajoute le président de l'association. Notons que les voyageurs abandonnés ont pu toutefois rejoindre leur destination à bord de bus réquisitionnés par la police. Ce n'est pas la première fois que des conflits éclatent entre transporteurs et voyageurs depuis la décision d'augmentation des tarifs de transport. L'Association de défense et d'information des consommateurs (ADIC) est montée plusieurs fois au créneau pour signaler l'anarchie qui prévaut dans le secteur, aussi bien en urbain qu'en interurbain, mais en vain.