La visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le 5 mars, aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf et les territoires libérés du Sahara occidental continue de soulever la polémique. Après les attaques du royaume contre le secrétaire général de l'ONU et les répliques de ce dernier, c'est au tour du ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, de monter au créneau. Défendant le responsable onusien, Ould Salek a tiré à boulets rouges sur le Maroc, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade du Sahara occidental à Alger. «Le Maroc pratique un terrorisme d'Etat contre le peuple sahraoui qui a le droit de se défendre et de libérer son pays», a accusé le conférencier. Selon lui, les réactions virulentes du Makhzen suite à la visite de Ban Ki-moon dans la région est un signe de défi à la communauté internationale par le Maroc qui agit, a-t-il précisé, avec la complicité de la France et de l'Espagne. Mais elles expriment également une crainte du royaume. «Le Maroc a peur d'éventuelles décisions supplémentaires du Conseil de sécurité de l'ONU», à l'occasion de la présentation du rapport sur le Sahara occidental, par le secrétaire général de l'organisation, au mois d'avril prochain. Ould Salek précisera que la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance est reconnue sur le plan international, ajoutant qu'il s'agit de la dernière colonie dans le continent africain. Le conférencier appelle le Maroc et le Conseil de sécurité de l'ONU à assumer leur responsabilité quant à la question sahraouie qui peine à être réglée malgré la résolution des Nations unies relative à l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Pour lui, «l'entêtement marocain à refuser l'application des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, avec le soutien de certains de ses membres, aboutira à une confrontation entre le Maroc et la communauté internationale». Le chef de la diplomatie sahraouie a dénoncé, en outre, les dernières décisions du gouvernement marocain, à savoir «une réduction significative d'une grande partie de la composante civile et plus particulièrement le segment politique de la Minurso, l'annulation de la contribution volontaire qu'accorde le Maroc au fonctionnement de la Minurso et l'examen des modalités de retrait des contingents marocains engagés dans les opérations de maintien de la paix». L'orateur a dénoncé tout particulièrement la menace du Maroc d'envahir les territoires libérés du Sahara occidental en affirmant qu'il «se réserve le droit légitime de recourir à d'autres mesures (…) pour défendre (…) ses intérêts supérieurs, sa souveraineté et son intégrité territoriale». «Le Maroc doit se soumettre à la légalité internationale», a fulminé Mohamed Salem Ould Salek qui rappelle les engagements du royaume. Interrogé sur la décision des autorités de l'Arabie saoudite d'investir dans les territoires occupés du Sahara occidental, le conférencier n'a pas caché sa colère contre cette attitude. «C'est du terrorisme», a-t-il tonné, appelant les Saoudiens à être du côté de la victime et non de soutenir le bourreau. «Nous demandons à l'Arabie saoudite de cesser de soutenir le Maroc. Il est de son intérêt de soutenir la victime et non le bourreau», a-t-il lancé. Il ajoutera que l'Arabie saoudite, où se trouvent les Lieux Saints de l'Islam, «doit conseiller le Maroc» en vue de l'indépendance du Sahara occidental dans le but «d'unir les musulmans».