La Seybouse est une rivière du nord-est formée près de Guelma par l'oued Cheref et l'oued Zenati. Son bassin de 6400 km2 est le plus étendu du pays et ses terres sont censées être des plus fertiles, sauf pollution… Selon une étude environnementale menée sur une année par Safege Algérie, filiale de Suez Environnement, et ce, à la demande des autorités publiques, le constat est sans appel : la Seybouse est le plan d'eau le plus pollué du pays ! Du coup, depuis la semaine dernière, les opérateurs économiques des différentes zones industrielles sont tenus de remettre un cahier des charges bien précis, à l'effet de traiter les eaux usées industrielles déversées. Un cycle de réunions épisodiques permettra de quantifier la régression des éléments de pollution de la Seybouse, bien que l'origine du mal prenne source ailleurs que sur les territoires de la zone de Sidi Salem, lieu où se jette l'oued en mer. En effet, outre Annaba et ses différentes usines, les rejets polluants en tous genres (urbains, industriels, etc.) sont enregistrés du côté d'El Tarf, Guelma et Souk Ahras. Selon la même enquête menée par Safege, ayant ciblé quelque 635 établissements situés sur les deux rives de l'oued Seybouse ainsi que les réseaux urbains des eaux pluviales de toitures, de parking et de voirie, de fortes charges polluantes pèsent sur l'embouchure de la Seybouse. Elles annoncent les prémices d'une catastrophe écologique réelle si les choses devaient restées en l'état. Un état des lieux qui révèle que «sur les 7,5 millions m3 de polluants industriels rejetés quotidiennement dans cette rivière, 3 millions de m3 sont des huiles usagées». L'on relève, notamment, que 71 % des établissements industriels du bassin versant sont situés dans la wilaya d'Annaba, alors que celle de Guelma pointe avec 22,76 %. La wilaya d'El-Tarf représente, quant à elle, 4,72 % du tissu industriel du bassin versant, alors que celle de Souk-Ahras comptabilise 2,47% du réseau potentiellement «gros polluant». Pour Annaba, deux «gros pollueurs» des eaux se jetant dans la Seybouse ont été identifiés : le lac Fetzara et à un degré moindre, certaines installations du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. En effet, le lac Fetzara, véritable catalyseur de déchets en tous genres, eaux usées et déchets de stations-service, «alimente» en partie l'oued Seybouse d'un conglomérat de liquide visqueux et vaseux renfermant des vecteurs de maladies infectieuses. Quant aux prélèvements effectués à la sortie de l'usine sidérurgique d'El-Hadjar, avec ses 15 unités industrielles distinctes, ils ont révélé un taux de pollution assez élevé par rapport aux normes prescrites et autorisées. Toutefois, il serait inutile d'incriminer les potentiels acteurs polluants, il s'agit de les surveiller et, le cycle de réunions décidé, par la direction de l'environnemental de la wilaya avec les différents opérateurs économiques, aura pour but de limiter les dégâts de la pollution de la Seybouse…