Contrairement à l'optimisme de la Banque mondiale qui avait prévu, dans son dernier rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, une croissance du PIB évaluée à 3,9% en 2016 et 4% en 2017, le FMI revoit ce taux à la baisse pour le fixer à 3,4% pour 2016 et 2,9% en 2017. Dans son dernier rapport portant sur les perspectives économiques mondiales, publié hier, le FMI révise à la baisse les perspectives de croissance du pays puisque le taux de croissance pour l'année 2015 est estimé à 3,7% et sa précédente prévision pour 2016 était de 3,9%. Désormais, la relance de l'activité économique dans le secteur hors hydrocarbures n'est pas au rendez-vous et les résultats du programme de l'actuel gouvernement tardent à prendre forme. Le fonds prévient qu'«une période prolongée de cours pétroliers en berne pourrait aggraver les perspectives de déstabilisation des pays exportateurs de pétrole». Pour l'année 2017, les prévisions du fonds sont encore plus alarmistes puisque le taux de croissance chutera d'un point, ce qui est inquiétant, en raison de l'installation de la crise économique dans la durée. Dans le domaine de l'emploi, le FMI anticipe également une dégradation du marché du travail et prévoit un taux de chômage de 11,3% en 2016 et 12,1% en 2017, contre un taux de chômage estimé à 11,3% en 2015. En revanche, le fonds prévoit un léger ralentissement du rythme de l'inflation. Cette dernière passerait à 4,8% en 2015 à 4,3% en 2016, puis 4% en 2017. Le solde extérieur courant, à savoir la différence entre ce que l'Algérie paye à l'étranger et les revenus qu'elle en reçoit, restera quant à lui toujours en large déficit, selon le FMI. Estimé à 15,7% en 2015, le déficit se creusera légèrement à 17,1% en 2016 avant de se contracter à 16,2% en 2017. Les prévisions reposent sur divers facteurs, tels «le ralentissement de la croissance des pays exportateurs de pétrole, compte tenu de la baisse des cours pétroliers, ainsi que les perspectives d'évolution encore médiocres des pays exportateurs de matières premières non pétrolières, y compris en Amérique latine», explique le fonds. Selon les hypothèses de référence établis par le FMI, les cours annuels moyens seront de 34,75 dollars le baril en 2016, soit une baisse de 32 % par rapport à 2015, et de 40,99 dollars le baril en 2017. Mais, souligne le fonds, «de grandes incertitudes continuent de peser sur ces hypothèses de référence». Il explique que «si les tensions géopolitiques au Moyen-Orient peuvent éventuellement perturber le marché, l'importance des stocks et une réaction rapide des producteurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis devraient limiter l'ampleur de tout ajustement brutal des cours dans un avenir proche». Ainsi, «les cours pourraient par la suite se redresser sensiblement s'ils restaient durablement à un niveau de l'ordre de 30 dollars le baril, car de nombreux producteurs dont les coûts sont relativement élevés pourraient relancer une production paralysée par la baisse prolongée de ces cours, qui a déjà par ailleurs provoqué une réduction spectaculaire des investissements dans les opérations d'extraction». Il est recommandé pour les pays producteurs de pétrole davantage de réduction des dépenses, une meilleure maîtrise de la masse salariale et plus de taxes sur les produits non-pétroliers. «Escalade des menaces» Concernant l'économie mondiale, le FMI l'a qualifie de «plus lente et de plus en plus fragile». Elle dresse un bilan «défavorable» et assombrit son tableau face à une «escalade des menaces» venant de Chine et des grands pays émergents mais également d'Europe, où un «Brexit» pourrait causer de «graves dégâts». «Il n'y a plus vraiment de place à l'erreur», affirme le chef économiste du Fonds monétaire international, Maurice Obstfeld, appelant à une action «immédiate» des gouvernements. Après 3,1% en 2015, le produit intérieur brut (PIB) du monde ne devrait plus progresser que de 3,2% en 2016 et 3,5% en 2017, marquant un recul respectif de 0,2 et 0,1 point par rapport à janvier, selon les nouvelles projections du fonds, avertissant qu'une nouvelle récession planétaire, pas encore au programme, pourrait s'approcher dangereusement si l'activité continuait de se détériorer. «Une croissance plus faible laisserait l'économie mondiale à la merci de nouveaux chocs et augmenterait les risques de récession», admet le FMI dans son rapport semestriel. D'autres risques, moins économiques, pèsent par ailleurs sur la reprise. Conflits, changement climatique, attaques terroristes et épidémies sanitaires peuvent avoir, «sans réponse» adéquate des autorités, d'importantes retombées sur l'activité mondiale, assure l'institution.