L'exportation de la pomme de terre n'est pas une opération conjoncturelle mais s'inscrit désormais dans la durée, au moins pour les trois prochaines années, avec comme objectif d'atteindre 70 000 tonnes d'ici 2019. En raison du surplus de production enregistré lors de la saison 2015/2016, certains opérateurs ont réalisé des opérations d'exportation vers des pays du Golfe et d'Europe notamment, alors que d'autres continuent de prospecter des marchés en Afrique et en Asie. Mais pour maintenir la cadence actuelle, plusieurs conditions doivent être réunies, a recommandé le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi. Les professionnels doivent se préparer préalablement en matière de choix des variétés, du calibre et des capacités de conditionnement, a-t-il détaillé, lors d'une conférence de presse tenue en marge d'une réunion d'évaluation de la filière pomme de terre qui a regroupé l'ensemble des acteurs concernés. Jusque-là, les opérations d'exportations réalisées restent minimes devant les opportunités offertes par le marché extérieur. Sur une demande potentielle de pays importateurs de l'ordre de 25 000 tonnes pour la pomme de terre algérienne sur l'année 2016, seules 2000 tonnes ont pu être exportés. Une plateforme de conditionnement et de froid devrait être opérationnelle en juin à El Oued, une région produisant environ 40% de la production nationale de ce produit agricole. Pour absorber le surplus de production, Ferroukhi souligne que l'exportation et la transformation sont devenues les facteurs indispensables pour réguler le marché de la pomme de terre. Il a révélé, dans ce sens, que son secteur avait recensé une quinzaine de projets industriels dans la transformation de la pomme de terre. En concertation avec d'autres secteurs, le ministère de l'Agriculture compte inciter des industriels à réaliser leurs investissements et à conclure des contrats avec les agriculteurs pour produire les quantités dont ils ont besoin. Concernant la campagne 2016, les opérations de plantation se poursuivent normalement avec une disponibilité et une diversité des semences qui permettront de réaliser les prévisions qui tablent sur une production de deux millions de tonnes (de la mi-mai jusqu'à fin août 2016). Lors de cette réunion de réduire de 15% les importations de la semence A en 2017, l'objectif étant d'arriver à zéro importation de cette semence en 2019. Les limites du Syrpalac Concernant le point de situation de la mise en œuvre des mesures prises en février dernier lors d'un conseil interministériel sur la pomme de terre, tenu en décembre 2015, il a été relevé qu'une enveloppe de 1,5 milliard DA a été engagée pour permettre à l'entreprise publique d'entreposage frigorifique (Frigomédit) de payer les créances dues par les agriculteurs ayant participé à l'opération de stockage de pomme de terre de la saison 2014/2015. Le Conseil interprofessionnel de la filière a discuté, à huis clos, du premier bilan sur l'évaluation du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), créé en 2009 pour réguler le marché et protéger les revenus des producteurs. Ce système de régulation a eu un impact «positif» sur l'intensification et la croissance de la production de la pomme de terre de consommation qui est passée de 2,5 millions de tonnes en 2009 à 4,5 millions de t en 2015, relève le ministre. Cependant, le Syrpalac sera révisé notamment pour ce qui a trait à son financement. Une implication des opérateurs privés de la filière dans la gestion et le financement des opérations de régulation effectués actuellement sur le budget de l'Etat est envisagée à l'avenir.