Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, a annoncé samedi à Alger des mesures visant à faciliter l'exportation de la pomme de terre au moment où la filière connaît une surproduction menaçant les revenus des agriculteurs. "Outre la constitution de stocks pour absorber le surplus de production et stabiliser le marché, de nouvelles mesures ont été prises en vue de faciliter les procédures d'exportation au profit des opérateurs privés", a indiqué le ministre en marge d'une réunion d'évaluation avec le Conseil interprofessionnel de la pomme de terre. Il s'agit, selon lui, de mettre en place un "dispositif fluide" pour la délivrance du certificat phytosanitaire par les inspecteurs phytosanitaires au niveau des directions des services agricoles de wilayas à potentiel d'exportation des produits agricoles telles qu'El Oued, Ain Defla et Mascara. Désormais, les documents administratifs nécessaires aux opérations d'exportation seront délivrés par les wilayas d'où seront expédiées les quantités de pomme de terre vers l'étranger. Cela évitera aux opérateurs le déplacement jusqu'à la capitale pour avoir ces documents et les retards qui en résultent, selon le ministre. Les pouvoirs publics vont procéder aussi au renforcement des laboratoires d'analyse et de contrôle phytosanitaires des échantillons des produits agricoles au niveau décentralisé afin de "fluidifier" les procédures d'exportation. Le ministère va aussi appuyer l'organisation prochaine d'un forum d'exportation pour examiner les moyens et proposer les mesures de renforcement et de facilitation des opérations d'exportation de la pomme de terre. "Le produit existe en grande quantité et avec une bonne qualité", a dit le ministre sans donner d'estimations chiffrées sur le niveau du surplus de production, se contentant néanmoins d'indicateurs comme le prix abordable de ce produit stratégique sur le marché et la chute drastique de son prix au niveau de l'exploitation au point de menacer les revenus des agriculteurs. Outre l'exportation, le ministre a souligné l'importance de la transformation dans la régulation de cette filière stratégique. Il a annoncé à cet effet l'organisation d'un atelier de promotion de l'industrie de transformation de la pomme de terre en collaboration avec l'interprofession et le ministère de l'Industrie et des mines. L'Office national interprofessionnel de légumes et viandes (ONILEV) ainsi que l'Institut technique des cultures maraîchères (Itcmi) ont été chargés de recenser, dans les dix jours à venir, les projets d'investissement dans la transformation afin de les mettre en contact avec des producteurs de pomme de terre. Augmentation des volumes de stockage Afin de soutenir les revenus des agriculteurs, il a été décidé aussi d'augmenter les volumes de stockage de la pomme de terre fraîche d'arrière saison à 60.000 tonnes au lieu de 40.000 (déjà stocké dans le cadre du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Ce système, mis en place en 2008, sera remplacé par un nouveau dispositif en mars prochain afin d'introduire de nouveaux paramètres liés aux changements qu'a connu la filière ces trois dernières années. Par ailleurs, M. Ferroukhi a annoncé que 72% des créances des agriculteurs dues à l'entreprise publique d'entrepôts frigorifiques (Frigomedit) ont été remboursées, le reste devrait être réglé durant les semaines prochaines. Le gouvernement a décidé fin décembre dernier, lors d'un conseil ministériel, de dégager une enveloppe de 1,3 milliard DA pour payer immédiatement les agriculteurs qui ont participé à l'opération de stockage de leur production de pomme de terre de saison (juin 2015), livrée à Frigomedit qui devait, à l'origine, assurer ce payement. En effet, 149 producteurs ont livré leur production à Frigomedit, chargée de constituer des stocks de sécurité, qui devait les payer à raison de 27 DA/kg (prix de référence). Concernant la semence, le ministre a insisté sur l'importance de consolider le processus d'assainissement et de mise à niveau des établissements de multiplication de semences pomme de terre afin de réduire les importations et s'inscrire dans une dynamique de maîtrise des variétés et de traçabilité des flux de l'amont à l'aval de la filière. Il a rappelé dans ce contexte, l'objectif du gouvernement de réduire graduellement, à l'horizon 2019, les importations de semence de la classe A (qui est multipliée pour donner la classe B qui produit le tubercule destiné à la consommation). Cette classe représente environ 40% des importations annuelles de semence pomme de terre, alors que la technique de production est maîtrisée par les spécialistes algériens. En outre, un plan d'accompagnement des multiplicateurs sera mis en place pour assurer la diversité variétale de façon à répondre aux normes et exigences de production, de stockage, de transformation et d'exportation. Les importations de la semence pomme de terre ont commencé déjà à baisser en passant de 160.000 T en 2013 à 140.000 T en 2014 et 120.000 T en 2015. Le ministre a souligné que "chaque mesure prise a émané d'une concertation permanente avec les professionnels, à travers une démarche basée une responsabilité partagée".