Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, appelle à commémorer le Printemps berbère à l'échelle nationale. Celui qui était un membre actif du Mouvement culturel berbère (MCB) dans les années 1980 revient, dans l'entretien qu'il nous a accordé, sur l'importance de la commémoration du 20 Avril en Kabylie et ailleurs. Le ministre dit encourager le débat rassembleur, loin de toute haine. A propos de l'interdiction d'une conférence à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi estime que les jeunes doivent avoir le droit de s'exprimer tout en restant loin de la politique de division. Entretien. Le Temps d'Algérie : les Algériens fêteront demain le 20 Avril, date qui symbolise le combat identitaire mené en Kabylie en 1980. Quelle place attribuez-vous à cette journée ? El Hadi Ould Ali : c'est la célébration du 36e anniversaire du Printemps d'avril 1980. Cette année, la célébration a un cachet particulier. Elle intervient après la consécration de la langue amazighe comme langue officielle. C'est un moment de commémoration et d'hommage aux hommes et aux femmes de cette cause identitaire qui ont milité pour l'aboutissement et le parachèvement de la construction de l'identité algérienne. Cette année, ce sera aussi une occasion pour les associations, la société civile et les institutions de fêter, avec générosité, des moments de débats et de partage sur tout ce qui est positif et constructif. C'est aussi pour nous un moment pour rappeler l'un des fondements de ce mouvement qu'est l'algérianité pleine et entière. Un combat qui devient aujourd'hui une consécration. Rappeler qu'avril 1980 est un mouvement unificateur, fédérateur et rassembleur. C'est un mouvement qui reconnaît surtout la diversité de l'Algérie. Un mouvement qui reconnaît sa pluralité à tout point de vue. C'est pour cette raison que nous le fêtons toujours avec un attachement indéfectible à l'intégrité territoriale de l'Algérie et à l'unité du peuple. C'est dans cet état d'esprit que cette commémoration intervient. Vous parlez d'unité du peuple algérien. Le 20 Avril 1980 ne doit-il pas être commémoré également ailleurs que dans la région de Kabylie ? C'est une commémoration nationale. Ce n'est pas à une wilaya ou deux de célébrer cette journée, mais à l'ensemble du pays. Moi-même en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports et avec mon collègue du ministère de la Culture, avons appelé toutes les associations qu'elles soient culturelles, de jeunesse ou même sportives, qui sont elles aussi un vecteur d'unification, à commémorer le 20 Avril 1980. Nous allons le célébrer à l'échelle nationale, pour rappeler les valeurs de nos ancêtres, de ceux qui nous ont précédés dans cette lutte identitaire. Aujourd'hui, Son Excellence, Monsieur le président de la République, avec la consécration de la langue tamazight, a mis fin à un déni identitaire, un déni de notre histoire. Il a donné la place qu'il faut à cette langue dans la Constitution. Plus encore, il a créé une académie placée sous son autorité pour que les scientifiques et les chercheurs puissent travailler d'une façon sereine à même de créer les conditions de développement et d'épanouissement de cette langue et de cette culture. La création d'une académie berbère était l'une des revendications de notre mouvement. Une conférence-débat sur le Printemps berbère vient d'être interdite par des responsables de l'université de Tizi Ouzou. N'y a-t-il pas là une nouvelle provocation à l'égard de la jeunesse algérienne ? Il faut laisser les jeunes débattre et parler de cette journée commémorative. Mais il faut aussi rester loin de toute politique de division. Aujourd'hui, la rue n'a plus sa raison d'être. Nous devons, au contraire, encourager et soutenir les chercheurs universitaires et les scientifiques dans ce domaine identitaire. Nous devons aider les associations dans le développement de notre culture algérienne. Je pense qu'aujourd'hui nous allons parler du Printemps berbère. Nous allons surtout dire que ce Printemps est celui de toute l'Algérie. Ce sont tous les Algériens qui doivent se revendiquer et revendiquer cette journée. Pendant une dizaine de jours, nous allons tout faire pour que ça soit une commémoration nationale. Nous appelons ainsi toutes les parties concernées à travailler main dans la main pour la promotion et le développement de la langue et la culture amazighes. Nous appelons tous les Algériens à s'éloigner du chemin de la haine. Bannissons ensemble la diffamation, l'insulte et la division.