Vingt exposants se sont donné rendez-vous entre le 16 et le 18 avril au Salon international du tourisme de Béjaïa, dont c'est la première édition, afin de relancer la destination Algérie. Organisé par Pubbox, une agence de communication versée dans le tourisme, l'évènement annonce ses ambitions dans l'énoncé même du thème «Le rendez-vous du renouveau de la destination Algérie». Un rendez-vous qui doit convaincre une poignée de tour-opérateurs étrangers, dont des Français et des Turcs. Accompagnés de journalistes, ces voyagistes étrangers, français notamment, s'ils ont accepté d'être du voyage, ne se laisseront cependant pas séduire facilement par le premier sourire affiché par les hôtesses ou par les brochures. «Il faut bien plus que cela», estime Khadidja Benmessaoud, de l'agence Itinérante de Tamanrasset. «Ce ne sont certainement pas les mentalités qu'il faut changer, mais la population doit être prête à recevoir des touristes», explique cette voyagiste partagée entre son Ahaggar natal et Paris. L'Algérie a un gros coup à jouer, selon Khadidja Benmessaoud qui estime que la conjoncture politique et économique devrait inciter les pouvoirs publics à passer à l'acte. Un acte qui doit s'accompagner toutefois par une levée nécessaire du frein culturel. Sur ce plan, Belkacem Bourif, co-organisateur de cette manifestation, est d'avis que la formation doit jouer un rôle important pour ravaler l'image de la destination Algérie qui a du mal à se vendre. Aujourd'hui, le tourisme est un marché ouvert à toutes les concurrences. Ce qui manque à l'Algérie, c'est justement cette image d'Epinal qui rassemble l'imaginaire – parce que le tourisme c'est d'abord l'imaginaire – et qui donnerait envie de venir en Algérie. «On connaît Tamanrasset, mais pour le commun des touristes, Tamanrasset c'est le Sahara, c'est le désert, ce n'est pas l'Algérie», déplore Stefan Buljat, responsable de l'agence Bastina Voyages, basée dans les Yvelines, en France. «Il ne s'agit plus de rafraîchir une image qui n'existe plus d'ailleurs, mais de donner naissance plutôt à une image rassurante de l'Algérie. Une image fédératrice de toutes les différences culturelles de l'Afrique du Nord pourrait intéresser les touristes français», résume ce tour-opérateur parisien. La destination Algérie qui souffre de l'indifférence des professionnels pourrait fortement intéresser les touristes français, particulièrement la partie sud de la France qui partage énormément de choses avec tout le bassin méditerranéen et dont les destinations phares sont la Turquie et la Tunisie. Eu égard à la situation actuelle des deux pays, Patrice Maggio, rédacteur en chef du Var-Matin qui a accompagné les tour-opérateurs, estime que l'Algérie peut susciter l'intérêt des touristes français. «L'objet de mon voyage consiste à répondre à trois questions essentielles : est-ce que l'Algérie veut recevoir des touristes ? Si elle le désire, est-ce que les gens peuvent venir en toute sécurité ? Si on répond oui à la première question, on fait venir les touristes où, dans quelles conditions et à quel prix ?», interroge le journaliste de Var-Matin. L'Algérie pourrait-elle donc répondre à la question légitime que se posent les touristes français maintenant que la Tunisie et la Turquie connaissent des problèmes de sécurité ? Parfaitement, mais il faut commencer par faire connaître d'autres régions du pays. «A part le Sahara et Alger la Blanche, les Français ne connaissent rien de l'Algérie», conclut le journaliste varois qui travaille aussi pour Nice Matin, dont il est directeur-adjoint de la rédaction.