Une semaine après le lancement de l'emprunt obligataire, les banques passent à l'offensive et mènent une campagne de communication afin de récolter un maximum de fonds que l'Etat compte injecter dans «l'économie productive». Cette fois-ci, deux banques publiques et Algérie Poste ont conjugué leurs efforts et décidé de mettre le paquet en invitant hier la presse au forum d'El Moudjahid pour faire transmettre les bénéfices et avantages d'une souscription à cet emprunt. Unanimes, les responsables de ces établissements publics attestent que l'opération qui n'est qu'à ses débuts est en train de drainer des souscripteurs à tel point que leurs agences connaissent des ruptures de titres d'emprunt. Pour arborer leurs performances, le PDG d'Algérie Poste, Abdenacer Sayah, a annoncé que les différentes agences réparties à travers le territoire national enregistrent une moyenne de 500 souscriptions par jour. Toujours en termes chiffrés, le DG adjoint, chargé des finances auprès de la BEA, a révélé qu'une moyenne de 20 milliards de dinars sont récoltés quotidiennement par les agences que compte cette banque. Gardant les performances de sa compagnie au secret, le PDG de la BDL, Mohamed Krim, se contente de confirmer que son établissement fait un meilleur chiffre que celui de la BEA. Pour prendre la température au niveau des agences bancaires et postales, nous nous sommes rendus dans certaines. La première à nous avoir accueillis relève du CPA. Située dans une rue fréquentée de la capitale, cette agence reçoit, selon la préposée au box spécialement réservé à l'emprunt national pour la croissance économique (ENCE), des dizaines de souscripteurs et capte quelque 20 millions de dinars par jour. «Ce sont généralement des clients à nous qui viennent acheter ces bons. Un de ces clients fidèles de notre agence va venir déposer un montant de 30 millions de dinars». En quittant le CPA, nous nous sommes rendus à une agence de la BEA, située au cœur d'Alger. En se faisant passer pour des citoyens voulant avoir des informations de ce nouveau mode d'épargne, on nous a demandé de patienter le temps que le guichet se libère. Une fois les explications sur les taux d'intérêt, la durée de l'emprunt et autres détails fournis, nous nous sommes quant même montrés non rassurés. Nous remarquant ainsi, la dame qui s'occupait de cette mission a fait en sorte de nous rassurer des bienfaits de cette opération en nous disant discrètement qu'elle avait reçu ce matin une personne qui a déposé 15 millions de dinars en une seule fois. Adhésion Si au niveau des agences bancaires l'opération semble bien démarrer, à l'agence postale d'Algérie Poste les choses se sont accélérées. Abrité au fond de la salle, le guichet de l'emprunt obligataire est bien indiqué avec des écriteaux lisibles. Même s'il était midi au moment où nous étions sur place, le guichet n'était pas déserté pour autant. «Comment doit-on procéder pour souscrire à l'emprunt ?», avons-nous demandé. «Il faut d'abord s'inscrire et passer commande pour les avoir les titres», nous a répondu une personne venue déposer 2 millions de dinars. «C'est ce que je suis en train de faire. Je commande aujourd'hui (lundi) et on me dit que je les aurai mercredi», a-t-il expliqué à la place du collecteur, et d'enchaîner «vous savez, je préfère les placer dans l'emprunt au lieu de les mettre dans le compte épargne où j'aurai des intérêts minimes». Pour éviter le recours à l'endettement extérieur à cause du rétrécissement des ressources de financement suite à la chute des prix du pétrole, l'Etat a lancé mi-avril l'emprunt national de la croissance économique. Ainsi, toute personne intéressée (particuliers, entreprises publiques ou privées) est invitée à «investir son épargne disponible dans le développement de l'économie nationale», avait expliqué le premier argentier du pays. Pour ce faire, aucun document justificatif prouvant la provenance des fonds à déposer ne sera demandé. Ces titres sont présentés en deux formats de 50 000 DA chacun et que les souscripteurs peuvent acquérir autant qu'ils veulent d'une manière nominative. Les deux sont des titres à un taux fixe, l'un à un 5% pour une échéance de 3 ans alors que le second est d'un taux de 5,75% pour une période de 5 ans. Avec ces taux, les rémunérations seront de l'ordre de 2500 DA/an pour le premier et de 2857 DA pour le second.