La tournée de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, dans les zaouias du pays, continue de susciter des réactions de la classe politique. Hier, c'était au tour du président du RCD, Mohcine Belabbas, de dénoncer cette tournée de l'homme dont le nom est associé aux scandales de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach. «Chakib Khelil a un grand problème avec la justice. S'il veut vraiment revenir à l'action politique et s'il a des ambitions, il doit aller de lui-même devant la justice et dire qu'il faut que vous me jugiez», a déclaré Belabbas en marge du colloque international sur l'économie et le coût de la non-intégration de l'Afrique du Nord organisé par son parti à l'hôtel El Riadh. Le président du RCD a ajouté que sa formation a soulevé la question de l'utilisation de la religion à des fins politiques depuis des années. «On voyait que le pouvoir utilisait la religion et les institutions religieuses plus que les partis politiques», a-t-il argué, soutenant que la tournée de Khelil s'inscrit dans le cadre des luttes entre plusieurs clans au pouvoir. Mohcine Belabbas estime que ceux qui sont derrière Chakib Khelil «pensent que s'il veut avoir du pouvoir lors de l'élection présidentielle prochaine, elle doit se reposer sur ces institutions religieuses et sur l'armée». Cela avant de réitérer la demande de son parti relative à l'organisation des élections par une instance indépendante pour la gestion des élections. Il explique que le candidat du système, quel que soit non nom, n'a aucune chance de gagner une élection libre. Des institutions souillées Dans son intervention devant les participants au colloque, le président du RCD a déploré que «l'ampleur de la corruption, de la fraude, de l'évasion fiscale, du blanchiment et des transferts illicites d'argent ont jeté l'opprobre sur l'ensemble des institutions exécutives, parlementaires et judiciaires». «Les scandales de corruption touchent les institutions, des membres du gouvernement, ils font partie de la gestion officielle et semblent même être les marqueurs d'une gouvernance qui a tourné le dos à l'intérêt général», a-t-il lancé, regrettant que «la paralysie de l'appareil judiciaire devant tant d'outrances sévissant à tous les niveaux vire vers la consécration d'une impunité de fait pour tout le personnel politique dirigeant». L'orateur a souligné que ces défaillances récurrentes ont engendré un ras-le-bol généralisé. Il a dénoncé la «privatisation des institutions au profit d'une faction dont le leitmotiv est d'aspirer, avant leur assèchement, les richesses de la nation». «Dans un tel climat, la cherté de la vie, la corruption et la frustration des nouvelles générations éloignent de plus en plus les citoyens des institutions de l'Etat. Cette dérive, alors que le pays n'a même pas encore tourné la page d'une décennie trouble et douloureuse d'un terrorisme barbare, risque de détruire les ultimes ressorts de la société. Cela avec des conséquences fâcheuses sur notre devenir commun», a-t-il averti. Mohcine Belabbas, qui remet en cause la stabilité dont se targuent les responsables en la brandissant devant les partenaires étrangers, a plaidé pour la construction d'un système politique «plus juste émanant de la volonté populaire». Pour lui, la stabilité politique, mère de toutes les autres stabilités (économique, financière, juridique et sociale) résulte d'élections libres, transparentes, périodiques gérées par une instance indépendante. «Elle nécessite le renforcement continu de l'Etat de droit, la garantie d'une participation citoyenne laquelle repose sur la liberté d'association, la liberté d'expression et enfin l'obligation pour les dirigeants de rendre des comptes», a-t-il expliqué.