Le Temps d'Algérie : Parlez-nous de votre exposition «Jeux de dames» que vous allez prochainement tenir à l'hôtel Sofitel d'Alger? Nathalie Andris : Après plusieurs recherches sur un espace d'exposition à la fois cosmopolite mais aussi accessible au public algérien, le Sofitel est apparu comme idéal à mon désir de toucher un public vaste et varié. J'avais déjà eu l'occasion d'exposer au Hilton et à l'hôtel El Djazaïr, mais par manque de promotion médiatique, je n'ai pas complètement été satisfaite de l'écho trop faible et de l'affluence très modeste. Je suis convaincue que cette nouvelle exposition m'apportera beaucoup plus de satisfaction et fera découvrir une forme d'expression artistique peu connue en Algérie. Pourquoi avoir choisi ce thème? La condition de la femme dans le monde et ma vision des sociétés et des dialectiques qui rythment nos vies (blanc, noir) ont depuis quelques mois été ma source d'inspiration. Le blanc, le noir, l'homme, la femme… tout cela transforme les sociétés à mes yeux et deviennent de gigantesques damiers où la femme cherche encore ou sous-estime toujours sa position, son importance. L'exposition se voudrait donc représentative de ma vision des dialectiques qui nous gouvernent blanc - noir, homme - femme, maître-esclave. Le visiteur pourra interpréter la symbolique que j'utilise dans mes réalisations ou se laisser porter par ses propres visions et émotions. Avant la sculpture, la céramique ou le design, aviez-vous d'autres pôles d'attraction ou ce talent vous a-t- il toujours habitée? Mon enfance et mon adolescence m'ont connue très attirée par le dessin, la peinture, d'autres réalisations en couture, laine non filée, tapis et tapisserie. Déjà le bois apparaissait dans des montages que ma mère conserve encore actuellement. La naissance de mes trois filles et mon rôle de mère m'ont éloignée pendant quelques années de l'art, mais au travers du design d'intérieur et industriel, l'expression artistique me rappelait à elle. Ma soif d'apprendre me fait participer à beaucoup de formations et stages dans le domaine artistique : psychologie de la couleur, lettrage, bande dessinée… Il y a une quinzaine d'années, la céramique et la sculpture se sont révélées à moi et m'apportent toujours bonheur, émotion, exutoire. J'espère que le visiteur ressentira toute cette joie et cette force que l'art plastique me procure. Vous résidez à Alger depuis quelques années. pourquoi cette ville, et pourriez-vous faire un travail (sculpture... ou autre) sur elle ? Je suis venue à Alger pour des raisons professionnelles de mon mari. Avant mon arrivée, je ne connaissais rien de l'Algérie. Alger m'a directement séduite, impressionnée et toutes les lectures sur l'histoire de l'Algérie me font comprendre que je n'en connais pas encore grand-chose. Il est certain que nombre de mes réalisations sont inspirées par l'Algérie, sa lumière, son rythme, son émotion ...Je m'étais aussi intéressée à de possibles réalisations pour des aménagements publics en collaboration avec des artistes locaux. Le souhait de promouvoir le style berbère m'a écartée de telles réalisations. Si mon mode d'expression était un jour plus diffusément accepté en Algérie, ce serait un honneur et une joie de concrétiser des projets pour Alger.