La corporation de la presse locale et la société civile se sont donné rendez-vous hier à la place Saïd-Mekbel afin de marquer leur solidarité avec le journal El Khabar dont le rachat par Ness-Prod, une société appartenant au magnat de l'industrie Issad Rebrab, est remis en cause par les pouvoirs publics. D'anciens et actuels députés toutes tendances confondues, des sénateurs, des élus locaux APW et APC, des militants politiques ainsi que de simples citoyens ont tenu à s'associer aux journalistes pour réaffirmer leur «attachement à la liberté d'expression qui se trouve gravement menacée aujourd'hui», nous expliquera une citoyenne. Beaucoup parmi les militants politiques ont tenu à être présents afin de «dénoncer l'acharnement contre la presse indépendante, en général, et le journal El Khabar, en particulier et pour ne pas laisser disparaître un espace d'expression si chèrement acquis», dira Athmane Mazouz, porte-parole du RCD. Le membre de la direction nationale du parti de Mohsine Bellabès estime que si l'affaire El Khabar est purement commerciale comme on le rappelle, il convient légitimement alors de confier sa gestion aux responsables de ce secteur, ministre du Commerce ndlr. Pour Djamel Ferdjellah, ex-député et ancien vice-président de l'APN, «l'affaire El Khabar dépasse largement la corporation, elle concerne tous les citoyens. Il est mal venu au pouvoir de remettre en cause le combat des journalistes et le tribut qu'ils ont lourdement payé pour la liberté d'expression. Les prétextes qui consistent à mettre en avant la loi pour saborder le rachat d'El Khabar ne sont qu'un leurre pour mettre au pas le grand espace d'expression que représente ce journal, dont il serait injuste d'oublier son sacrifice en la personne de son premier directeur de rédaction, Omar Ourtilane, assassiné par les islamistes». Le chef du bureau d'El Khabar de Béjaïa et le correspondant de KBC, très satisfaits de cette solidarité qui leur a été manifestée, estiment pour leur part que si la société civile et la presse se sont fortement mobilisées «c'est une preuve de plus que la menace est bien réelle pour la liberté d'expression».