Réagissant aux déclarations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a déclaré hier que «l'Algérie est sur la bonne voie et en bonne santé, cela malgré le choc pétrolier qui s'est produit depuis juillet 2014», l'expert Farid Benyahia ne partage pas cet «optimisme». Il estime que «si les prix de pétrole restent toujours au même niveau que ceux d'aujourd'hui, il y aura certainement un risque en 2017 pour les finances publiques». «La situation financière de l'Algérie ne risque pas de s'améliorer», a-t-il présumé. Et d'ajouter : «Le fonds de régulation des recettes est en train de se fondre et il n'est plus alimenté. Je ne vois pas comment on peut espérer une stabilité financière dans ce contexte là.» «Des risques persistent car l'Algérie n'a pas encore édifié une économie hors-hydrocarbure et diversifiée. Nous n'avons pas créé une base économique sur des bases réelles et encourageantes», souligne-t-il sans remettre en cause la volonté des pouvoirs publics de développer l'économie nationale. L'expert trouve regrettable le fait aussi que le marché informel prend des proportions et détruit toute l'économie formelle respectant les règles du marché. Tout en insistant sur la nécessité d'éradiquer ce phénomène, il recommande d'adopter une vision claire dans l'avenir pour l'économie du pays. «L'Algérie ne va pas s'en sortir facilement de cette crise et ne se développera pas aussi rapidement comme le souhaitent nos autorités si on ne résout pas définitivement le problème du marché parallèle», a-t-il signalé. Notre interlocuteur a cité aussi l'emprunt obligataire national en expliquant que «depuis le lancement de cette opération, les pouvoirs publics sont arrivés à collecter environ 60 milliards de dinars, mais le déficit budgétaire représente 2800 milliards de dinars. Donc, l'argent collecté à travers cette opération ne représente même pas les 2% du déficit». «A mon avis, l'objectif fixé n'a pas été atteint. Il sera très difficile de lever des fonds d'où l'intérêt de réfléchir à d'autres mesures dès maintenant», recommande-t-il. Les recettes pétrolières demeurent à bien des égards, selon lui, une solution pour l'Algérie. Il dira dans ce sens qu'«il nous faut au moins le prix du baril à 70 dollars pour qu'on puisse juste couvrir les dépenses, notamment de la santé publique et de l'éducation. Mais pour investir, il faudrait que les prix dépassent ce seuil». «Actuellement, nous sommes dans une phase où on ne peut pas envisager des investissements, ni assurer toutes les charges de fonctionnement. L'Etat est en train de puiser dans le fonds des recettes. D'ici 2017, les réserves de change vont baisser jusqu'à 90 milliards de dollars. Ce n'est pas bon signe. Il faudrait réfléchir à des solutions alternatives», souligne-t-il.