Les discussions sur le gel de la production pétrolière entamée, hier à Doha, lors du sommet entre les pays producteurs ne doivent pas donner lieu à de faux espoirs. Car, cette décision ne risque pas de déboucher sur une remontée spectaculaire des cours pétroliers aux niveaux souhaités par les producteurs. Les scénarios les plus plausibles et optimistes tablent sur un prix moyen de 40-50 dollars d'ici 2017. Ce qui est loin de répondre aux attentes de l'Algérie. En effet, le budget de fonctionnement de l'Etat a besoin d'un baril de plus de 80 dollars pour assurer son équilibre et répondre aux différentes attentes des populations. Officiellement, la loi de finances est basée sur un baril de référence de 37 dollars. Mais, dans la réalité, le train de vie de l'Etat est loin de refléter ce seuil. Preuve en est le déficit budgétaire prévisionnel pour l'année 2016, qui sera de l'ordre de 40 milliards de dollars, alors que les revenus sont en forte baisse. Le déficit 2016 sera financé par le Fonds de régulation des recettes (FRR). Il se trouve que cette démarche ne sera plus possible durant l'année 2017, car le solde du FRR sera presque épuisé. Selon les prévisions faites par le gouvernement, les ressources du Fonds devraient s'établir autour de 175 milliards de dinars à la fin de l'année en cours. A ce niveau là, le Fonds ne pourra plus permettre de financer les projets publics et amortir le «choc extérieur». Et le sommet de Doha d'hier ne pourra rien changer à cette donne. L'Exécutif est appelé à faire face donc à une situation financière critique, même si des experts ont prédit ces derniers jours une possible remontée des cours durant les prochains mois. Le recours à l'endettement a été déjà entamé avec le lancement aujourd'hui de l'emprunt obligataire national. Un choix de financement qui fragilise davantage l'Etat surtout si l'opération n'aboutira pas aux objectifs fixés. Du coup, l'option de l'endettement extérieur s'imposera d'elle même et exigera des concessions jusque-là repoussées. Une perspective qui a été d'ailleurs évoquée hier par le ministre des Finances en déplacement à Washington où il a pris part aux travaux de l'assemblée générale du Fonds monétaire international (FMI). Abderrahmane Benkhalfa a soutenu que les compagnies nationales Sonatrach et Sonelgaz étudient actuellement «la possibilité de mobiliser des financements concessionnels et préférentiels à l'international pour mener ses projets d'investissements» tout en précisant qu'«il ne s'agit pas d'un endettement». Le recours à ce type de financement spécial, ciblant les projets envisagés par des groupes publics, confirme en réalité que l'Etat s'inscrit désormais dans l'après-pétrole. Il n'est pas exclu d'ailleurs dans cet esprit une révision globale ou graduelle des dispositifs de soutien aux prix des produits de large consommation, de la politique de soutien aux entreprises publiques, ainsi que les lois régissant l'investissement, particulièrement la règle 49/51%, une règle contestée par les milieux d'affaires en Algérie et à l'étranger. Les temps s'annoncent difficiles pour une économie basée à 95% sur la ressource pétrolière.