Faisant désormais partie du mode de vie de tous les citoyens du monde, le cyberespace constitue, aujourd'hui, une réelle menace criminelle. Que ce soit en Algérie ou ailleurs, les réseaux sociaux, facebook, notamment, peuvent être des technologies dévastatrices d'un citoyen, d'une communauté ou d'un Etat. Partant de ce postulat, la Gendarmerie nationale a invité, hier, ses homologues et spécialistes de 15 pays, pour débattre des défis et enjeux de la cybersécurité. Tous se rejoignent sur une réalité : la menace est imminente. La menace terroriste surtout. Des criminels usent de cet espace pour arriver «plus rapidement» et «plus facilement» à leurs objectifs illicites. Le recrutement de terroristes et leur financement et le trafic d'armes sont de plus en plus favorisés grâce à cet outil du XXIe siècle. «Des terroristes ont maîtrisé le domaine de l'informatique, ils ont trouvé des failles qu'ils ont plus tard utilisées», reconnaît l'informaticien canadien, Bachir Halimi. Dans certains cas, dit-il, ces terroristes maîtrisent cet outil mieux que les créateurs eux- mêmes. Pour le cas algérien, le gouvernement, estime Halimi, a réagi «tardivement» dans cette lutte. Mais, aujourd'hui, observe-t-il, il a réussi à se rattraper en finançant un institut qui regorge de technologies «très sophistiquées et une équipe très bien formée». Ce qui est, ajoute l'expert en informatique, une excellente nouvelle pour les citoyens et entreprises algériennes. «Ils ne sont pas protégés à 100%, mais les moyens sont mis en place», affirme-t-il. Selon lui, les dirigeants algériens n'avaient pas compris l'ampleur de cette menace, car, pense-t-il, ils n'ont pas évolué avec l'informatique et n'ont pas été confrontés à ce genre de menace. «C'est un terrain assez technique et assez pointu. Il faut donc des experts pour leur expliquer ces menaces afin de les inventorier.» A ce propos, le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba, a affirmé dans son allocution que son institution a mis en place une stratégie globale impliquant à la fois sécurité publique et la cybersécurité pour barrer la route à ce phénomène transnational. «Notre responsabilité commune nous impose de nous munir d'outils plus performants de prévention et de lutte contre les idéologies de la violence et les méthodes subversives sur le cyberespace», a-t-il déclaré hier. Selon lui, le combat que les acteurs de la cybersécurité doivent impérativement gagner est aussi d'«exercer un rôle commun dans la préservation du cyberespace et d'identifier des mécanismes pratiques de coopération afin de mieux appréhender les enjeux inhérents à la cybersécurité». Ainsi, l'escroquerie, l'atteinte à la vie privée, la diffamation, le vol de données, les atteintes aux systèmes d'information, l'espionnage économique et l'atteinte à l'ordre public sont les cybermenaces qui guettent l'Algérie. L'Américain, Marc Tejtel, reconnaît clairement que, outre l'Algérie, le reste des pays est aussi en danger. Il citera pour affirmer sa conclusion qu'en l'espace de trois ans, 5% des crimes commis sont des crimes classiques, tandis que ceux perpétrés en usant d'internet sont à 9%. Virus-antivirus, quel lien ? Le monde est menacé par le crime transfrontalier via le cyberespace. Le marché de l'antivirus contre les intrusions est devenu, pour ainsi dire, un argument de vente : créer un virus pour créer un antivirus. C'est un constat établi par de nombreux utilisateurs d'internet, mais qui ne nécessite pas qu'on s'y attarde, selon Halimi… «Il y a eu, à un moment donné, des soupçons sur les compagnies qui fabriquent des virus. On disait qu'elles étaient financées par des compagnies qui fabriquent les antivirus. Mais actuellement, nous parlons de cyberattaque avec des intérêts spécifiques», explique-t-il. Autrement dit, la menace réelle n'est pas le virus, mais c'est plutôt le piratage de sites commerciaux ou d'institutions étatiques qu'il faut combattre. «Quelqu'un qui veut paralyser les ordinateurs d'Amazone fera perdre à l'entreprise des centaines de millions de dollars en quelques heures. Une personne qui entre sur le système informatique de l'armée pourra facilement connaître les équipements du corps d'armée.» C'est ça le réel danger, estime-t-il. Comment donc lutter contre ? Pour cet expert, la question est «est-ce que l'Algérie voudra qu'une compagnie israélienne vienne installer un système de sécurité dans la défense nationale ?» Probablement pas. «Il faut trouver donc les bons partenaires pour investir convenablement dans les moyens de lutte.»