Le commandement de la Gendarmerie nationale (GN) a mis en place des structures spécialisées afin de faire face au phénomène de la cybercriminalité. Une nouvelle stratégie a été élaborée, impliquant à la fois sécurité publique et cybersécurité pour juguler ce phénomène transnational, a indiqué le commandant de la GN, le général-major Nouba Menad, dans son discours d'ouverture d'un séminaire international sur la cybersécurité. « La dématérialisation du champ délictuel impose à la Gendarmerie nationale de mettre en place de nouvelles formes d'organisation, de moyens adéquats et des mesures opérationnelles performantes dans une approche globale et une logique de continuum de sécurité publique et de cybersécurité ». Et d'ajouter : « Notre responsabilité commune nous impose de nous munir des outils les plus performants de prévention et de lutte contre les idéologies de la violence et les méthodes subversives sur le cyberespace. » Le commandant de la GN a rappelé que le cyberespace est devenu le lieu privilégié pour commettre des méfaits attentatoires et préjudiciables tant aux biens et personnes qu'aux intérêts de la chose publique. L'escroquerie, l'atteinte à la vie privée, la diffamation, le vol de données, les atteintes aux systèmes d'information, l'espionnage économique et l'atteinte à l'ordre public figurent parmi les cybermenaces citées par le général-major Menad Nouba. Le séminaire international sur la cybersécurité, organisé sous le thème « cyberespace : enjeux et défis », constituera, deux jours durant, un espace de débat et d'échange entre les délégations de 15 pays et plus de 50 experts de cyberespace à travers nombre d'axes notamment « le cyberespace, nouvelle dimension de sécurité nationale », « politiques nationales de cybersécurité et la sécurité des infrastructures sensibles ». Lors des conférences animées, hier, par des experts internationaux en cybersécurité, ces derniers ont souligné la nécessité d'une coopération véritable entre les Etats, qui favorise la mise en place d'une stratégie unifiée de lutte contre la cybercriminalité, qui nuit aux individus, aux entreprises et aux Etats. Le colonel Djamel Benredjem, représentant de la GN, a considéré, qu'en dépit de la gravité des crimes cybernétiques et leur caractère complexe, la coopération internationale pour la lutte contre ce phénomène n'a pas encore atteint le stade permettant la mise en place d'une stratégie unifiée dans un cadre légal commun. Il a imputé cette lenteur à la difficulté de réunir politiques, législateurs et économistes autour d'une même table du fait du conflit d'intérêt. L'officier supérieur a évoqué l'émergence d'une nouvelle course d'armement portant ces dernières années sur la maîtrise des technologies numériques qui génèrent de gigantesques profits à des entreprises de la taille de Google et Facebook et bien d'autres. Cet état de fait a entravé les efforts visant un accord entre les parties autour d'une stratégie unifiée de lutte contre la cybercriminalité, a-t-il dit. De son côté, Benedetti a fait savoir que la tendance haussière des crimes électroniques ayant accompagné l'avènement du numérique est à l'origine de la création récente de l'organe national de prévention et de lutte contre les infractions liées aux TIC, impliquant différents secteurs. Pour sa part, le général d'armée Marc Watin-Augouard (France) a considéré impérieux de créer un climat de confiance entre les Etats et les entreprises agissant dans le domaine de l'Internet. Le représentant de l'Otan, le général d'armée Jean-Paul Paloméros, a préconisé une définition du concept de souveraineté au regard du caractère transnational de ces crimes. L'expert Bachir Halimi du Canada a plaidé pour une coopération internationale multiforme.