Dans Les gens du Balto, Faïza Guène raconte avec truculence l'ambiguïté de cet espace fermé, incompris, réceptacle de marginaux, de prolos et de junky issus de l'émigration. Dans ce roman paru aux éditions Hachette, Faïza Guène raconte la saga de ces gens simples qui ont chacun une histoire à dire. Sans prisme déformant, elle fait une introspection dans l'univers d'une bourgade française matinée d'ennui et de routine. Perdus dans le quotidien des petites choses de la vie, les habitants de ce bourg vont être surpris par la mort suspecte du patron du bar qu'ils fréquentent. Dès lors, c'est le branle-bas de combat pour comprendre ce drame et cette énigme. Ces personnages anodins, lestés à leurs manies, à leurs habitudes et à leurs vies étriquées sont menés avec adresse par le jeu de la narratrice qui les manipule au gré de ses humeurs. Faïza Guène dévide son imaginaire pour évoquer la condition humaine des hères pris entre les tenailles du destin. Dans ses autres romans, kiffe kiffe demain et Du rêve pour les oufs, elle porte un regard sans complaisance sur la société française mais aussi maghrébine. Mémoire prise dans les rets des souvenirs de banlieue et de l'émigration ouvrière, sans parti pris, elle tente de décrypter cette société sans magnifier ni amoindrir cet environnement propice à sa création littéraire. C'est dans un langage plein de fraîcheur, empreint de verlan, d'arabe, de poésie, de mots du vieux français, qu'elle se caractérise. Loin de tout embrigadement littéraire, sa plume suit les dédales d'une nouvelle esthétique. Hors des sentiers battus, elle emprunte un langage plaisant souvent désopilant pour décrire les rêves brisés et les espoirs perdus de ces petites gens. Ses romans sont dignes des comédies italiennes où le réalisme prend le dessus. Littérature et cinéma Ses livres sont des instantanés de vie rondement bien conduits avec un tantinet d'humour et de dérision. Il est à rappeler que cette jeune romancière française d'origine maghrébine a été une révélation littéraire. Loin de tout académisme, elle a brisé l'omerta du monde des belles lettres en entrant dans ce panthéon souvent réservé à une élite. Notons qu'en sus de sa création littéraire, elle a investi le septième art alors qu'elle n'avait que treize ans. Par la suite, elle a réalisé des courts métrages comme Mémoires du 17 Octobre, RTT Rumeurs et Rien que des mots. Ses ouvrages sont autant de requiems et de compassion pour les banlieusards. Son premier roman, Kiffe kiffe demain, avait défrayé la chronique en 2005 par ses ventes spectaculaires (plus de 400 000 exemplaires en France) et sa traduction en 21 langues dans 26 pays. En 2014, son roman Un homme, ça ne pleure pas (Editions Fayard) a eu également un grand succès.