Pour son 86e numéro, et le deuxième depuis la rentrée universitaire, le café littéraire traditionnellement initié et encadré par l'universitaire M. Bensaci a proposé jeudi passé, une rencontre-débat autour de l'œuvre de la romancière, scénariste et réalisatrice Faïza Guène, auteure notamment de Du rêve pour les oufs. Une chose est sûre, aussi bien la personne que ses œuvres ne passent pas inaperçus et font débats, souvent houleux. Trois étudiantes en fin de cycle : Rania Merzougui, Amina Menzer et Menacer Diya ont présenté leur travail sur l'œuvre de Faïza Guène. Tour à tour, plusieurs thèmes ont été abordés, notamment la littérature de l'émigration ou de l'immigration – ce qui rajoute de l'interrogation à cause de la confusion –, les attaques souvent acerbes contre cette forme de littérature, considérées par certains critiques comme une sous-culture car venant de la banlieue et d'auteurs de souche non française. Ces attaques acides ne sont pas nouvelles et d'autres auteurs d'origine nord-africaine ou maghrébine (c'est selon) avaient subi les critiques qui frôlaient les propos racistes. L'œuvre de Rachid Djaïdani en est la parfaite illustration. Cependant dans les deux cas, aussi bien pour Faiza Guène que Rachid Djaïdani, une approche sociologique reste impérative pour pouvoir dire ou prétendre faire une approche ou même lecture des œuvres de ces deux auteurs, qui par hasard ou ironie, ne sont pas à 100% algériens : Faïza Guène est de père algérien et de mère marocaine ; Rachid Djaïdani est de père algérien et de mère soudanaise. Les intervenantes ont tenté d'expliquer les raisons qui renforcent ou suscitent les reproches à l'égard de l'œuvre de Faïza Guène, constituée notamment de Kiffe-kiffe demain, les Gens du Balto et Du rêve pour les oufs. Selon elles, «écrire, c'est s'affirmer. Or, de l'autre côté de la Méditerranée, on a pris l'habitude ou mieux, on s'est habitué à un genre de Maghrébin fait pour tout, sauf pour écrire, ce qui peut constituer un danger pour une culture dite française de souche, ou encore vouloir maintenir un grande partie de ce qu'on appelle la minorité apparente (par la couleur) dans un créneau fuit par les autres (éboueurs, ouvriers, machinistes, etc.)». Pourtant, Faïza Guène déroge à cette «règle», ce qui lui a valu le surnom de "Françoise Sagan de la banlieue". Par ailleurs, Roya Khiredine, chargée d'encadrer les trois étudiantes, qui présenteront en fin d'année leur mémoire de fin d'étude sur Faïza Guène, nous a indiqué que "j'ai recommandé à mes étudiantes d'étudier cette œuvre indépendamment de la composante identitaire qui lui est intrinsèque, après il sera possible de retracer la quête identitaire de Faïza Guène. S'il est intéressant de flirter avec l'œuvre de Faïza Guène, c'est qu'elle interroge le "jeune chercheur" tant sur le plan littéraire qu'humain. Côté crayon, la littérature beur cherche à s'affirmer et à s'affiner en tant que genre. Les plus chauvins l'ignorent, quant aux critiques les plus acerbes, ils la taxent de médiocre en prétextant un langage ‘tout sauf littéraire'". R H Nom Adresse email