Associations de parents d'élèves et Syndicats de l'éducation sont unanimes : le directeur général de l'Onec est «seul responsable de la fuite de sujets du bac». La Gendarmerie nationale a, de son côté, interpellé une dizaine de suspects. Jamais deux sans trois. La fuite des sujets du bac 2016 a encore défrayé la chronique. La rumeur, qui s'est finalement vérifiée, a fait l'objet d'une enquête de la part de la Gendarmerie nationale. Hier, le ministère de l'Education nationale a annoncé «l'ouverture d'une enquête suite à des informations relayées sur les réseaux sociaux faisant état d'une éventuelle fuite de sujets du baccalauréat afin d'identifier et de poursuivre les personnes qui seraient impliquées». Dans un communiqué, le département de Benghebrit précise qu'«en cas de confirmation d'une quelconque atteinte à la crédibilité de cet examen, le ministère engagera, de concert avec les autorités compétentes, les investigations nécessaires pour identifier et poursuivre les personnes impliquées». Chose faite. L'enquête qu'a menée la brigade de recherche de la GN s'est soldée par «l'interpellation de plusieurs dizaines de personnes suspectées», avons-nous appris auprès de ce corps. Ces personnes sont impliquées, ajoute-t-on, dans la fuite des sujets de français, de philosophie, de sciences naturelles et d'histoire. Ils ont été repérés grâce «à leurs traces laissées sur facebook». La seule question qui demeure en suspens est : qui a pu sortir ces sujets de l'Onec ? Pour le responsable de la Fédération nationale des personnels du secteur de l'éducation nationale (Fnpsen), Belamouri Laghaydh, «le directeur général de l'Office national des examens et des concours doit assumer toutes ses responsabilités». Allant droit au but, notre interlocuteur déclare que «peu importe qui ou comment ils ont pu être publiés sur les réseaux sociaux, le DG de l'Onec est l'unique responsable». Puisque, ajoute-t-il, il est le seul à détenir tous les mots de passe. «Même la ministre de l'Education n'a pas le droit de connaître le contenu des épreuves, ni même les directeurs et enseignants», affirme notre interlocuteur. «Le DG de l'office doit démissionner» Pour Belamouri, si les paquets scellés contenant les sujets ont pu être ouverts au niveau même de l'Onec, des directions de l'éducation ou des centres d'examen avant l'épreuve, c'est toujours le DG de l'office qui «a failli dans sa mission». C'est pourquoi, il «devrait démissionner de son poste», préconise-t-il. De son côté, le président de l'Union nationale de l'association des parents d'élèves (Unape), Khaled Ahmed, confie avoir pu s'entretenir avec Mme Benghebrit. «La ministre nous a promis de suivre de très près les travaux de la commission d'enquête», affirme-t-il. Interrogé sur un éventuel repassage d'examen des matières concernées par la fuite des sujets, Khaled Ahmed répond : «Nous ne pensons pas que le ministère compte aller vers cette solution. Mais en tout cas, il est prévu, aujourd'hui, une réunion entre les partenaires sociaux et la ministre pour discuter du sujet», informe le président de l'Unape. Les candidats perturbés La fuite des sujets a, contrairement, à ce qu'on peut penser, perturbé les candidats du bac. «J'ai trouvé ce matin à 6h (hier, Ndlr) le sujet d'histoire-géographie circuler sur facebook. Je l'ai lu mais je n'y ai pas vraiment prêté attention», témoigne une candidate de la filière littéraire qui pensait que le sujet était un faux. «Après distribution des copies, je découvre à la lettre le même sujet que celui partagé sur les réseaux sociaux», ajoute-t-elle. «Au lieu de me concentrer sur les questions, je n'arrêtais pas de me dire que j'aurais dû m'y attarder et préparer les réponses», avoue naïvement la candidate. Comme elle, les autres élèves ont carrément baissé les bras. «Nos efforts n'ont plus aucune valeur. Même si je décroche le bac, il n'aura pas de valeur. Je serai toujours un bachelier non méritant, car des gens ont réussi à ternir l'image de ce concours», regrette Brahim qui «rêvait» de longues études et d'une belle carrière.