Comme il est sorti victorieux du dernier congrès extraordinaire, transformé en 5e congrès ordinaire du parti, Ahmed Ouyahia vient de gagner l'ultime étape dans sa reprise en main des commandes du Rassemblement national démocratique (RND). Le nouveau bureau national voté par les membres du conseil national, réunis vendredi et samedi en session ordinaire à Zéralda, lui est quasiment acquis. Ouyahia a définitivement éliminé ses principaux adversaires, à commencer par Tayeb Zitouni, un des meneurs du mouvement de redressement qui l'avait visé avant le congrès. L'ex-maire d'Alger-Centre qui, pourtant, avait été reconduit par le patron du RND lors de son retour en juin 2015, n'a pas tiré les bonnes leçons de la chance qui lui a été donnée. Il fait désormais les frais de sa rébellion. A cette éjection, s'ajoute celle de Mohamed Mebarki, actuel ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels. Mais, la surprise de la liste proposée par Ouyahia et votée par le conseil national réside dans l'absence de noms de poids au sein du parti. L'on parle surtout de Boubekeur Benbouzid, ancien ministre de l'Education, de Chérif Rahmani, ancien ministre de l'Industrie et de Mohamed Betchine, ancien général à la retraite. Ayant été exclus de la composante du conseil national élargi à 421 membres, ces trois cadres fondateurs du RND n'ont pas été repêchés dans la «short-list» du nouveau bureau national qui remplace désormais le secrétariat dans les statuts. Ahmed Ouyahia ne prend donc aucun risque de nommer ces anciens ministres dont les noms revenaient discrètement dans les coulisses de frondes, et préfère s'entourer d'hommes de confiance. C'est dans ce registre d'ailleurs qu'intervient le retour de Miloud Chorfi, bras droit du patron du RND. L'ancien président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) est l'un des cinq nouveaux membres du bureau composé de 20 personnes en plus du secrétaire général. A l'exception de Chorfi et d'Abdelmadjid Bouzriba, chef du groupe parlementaire du parti au Conseil de la nation, Ouyahia a préféré donner la chance aux jeunes. Mustapha Naci, âgé de 40 ans, militant de la wilaya d'Aïn Defla et Souad Malaoui (34 ans), militante du parti à Tipasa, font leur rentrée. Tandis que le plus jeune membre du bureau, Fatah Elkefif, enseignant à l'université de Blida, n'a que 33 ans. Le reste de la liste comprend les noms de Seddik Chihab, porte-parole du parti, Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie, Azedine Mihoubi, ministre de la Culture, Nouara Saâdia Djaffar et Mohamed Guidji, chef du groupe parlementaire RND à l'APN. Ces derniers préservent leurs sièges pour leur fidélité au chef. C'est le cas pour d'autres noms à l'instar des députés Boudjemaa Torchi, Omar Kara-Bakir, Mohamed-Laïd Kacem, Fouzia Bensahnoun et Ratiba Ayad. En somme, il s'agit d'un bureau sur mesure duquel Ouyahia ne risque d'avoir aucune opposition. Ainsi, en l'espace d'une année, le SG du RND et néanmoins directeur de cabinet de la présidence de la République arrive à asseoir son pouvoir et reprend définitivement les choses en mains au sein de la deuxième formation politique du pouvoir. Plus que ça, son ambition, maintenant qu'il est fort du soutien de Bouteflika, est de conquérir la scène politique en prévision des prochaines échéances électorales. La main tendue à l'opposition Encore une fois, le Rassemblement national démocratique (RND) tend la main aux formations politiques de l'opposition. Le conseil national du parti, réuni vendredi et samedi en session ordinaire à Zéralda, a réitéré «la disponibilité du parti» au dialogue avec tous les partis politiques, y compris de l'opposition, autour de projets ou de démarches respectueuses de la Constitution et des institutions de la République, peut-on lire dans la déclaration finale ayant sanctionné les travaux de cette première session post-congrès. L'appel est adressé, bien évidement, aux partis regroupés au sein de l'Icso. C'est d'ailleurs pourquoi le texte de la déclaration a pris le soin de bien tracer les conditions de ce dialogue. Il s'agit du respect de la Constitution et des institutions de la République. Comprendre que le RND n'acceptera pas de dialoguer avec des partis qui contestent la légitimité du président Abdelaziz Bouteflika. Sur le plan économique, le parti d'Ahmed Ouyahia met en garde contre le recours à l'endettement extérieur en cette période de crise. Bien au contraire, le CN du parti invite le gouvernement «à la prudence par rapport au recours aux emprunts extérieurs auxquels appellent certaines voix». «De telles solutions de facilités risquent d'hypothéquer, demain, la souveraineté économique du pays et d'entraîner des conséquences sociales dramatiques pour la population», avertit-il. Ce que préconise le RND en cette période précise de chute des revenus, c'est «la mise en route, dès à présent, d'une rationalisation des subventions publiques de sorte à les concentrer graduellement sur les citoyens aux faibles revenus ou démunis et garantir ainsi la pérennité de la politique de justice sociale et de solidarité nationale». Par ailleurs, le conseil national note au plan sécuritaire une situation «préoccupante» notamment dans «certains pays voisins». Et de relever enfin «les conséquences dangereuses pour notre pays, à travers l'afflux d'armes et de drogues canalisées par les réseaux du crime transnational».