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Ramadhan à BEJAIA: Au cœur de la «rahma»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

Chaque soir, depuis le début du ramadhan, dès 19 h30, c'est la bousculade devant l'entrée de l'école Ibn-Rochd, au cœur du mythique Lekhmis, à Béjaïa, qui abrite pour la dixième année consécutive un restaurant «rahma» géré par la mairie.Zoubida, Zohra, Fayrouz et les autres sont déjà là depuis une demi-heure en ce troisième jour de ramadhan.
Ce restaurant «rahma» est une aubaine pour ces femmes, vagabondes pour la plupart. «On ne peut pas aller dans les autres restos en raison de notre statut social», explique Fayrouz, le regard braqué sur la porte de l'école. Agglutinées sur le trottoir, elles attendent que le portail s'ouvre. «Manque Rachida à l'appel», lance un agent à leur adresse, en la cherchant des yeux parmi ses camarades d'infortune. «Là voilà qui arrive !» répondent en chœur les autres femmes. Baluchon sale et chargé, Rachida traîne le pas à cause de sa fille de dix ans qui marque un arrêt devant une pâtisserie orientale bondée de monde. Elle parvient à la tirer quand même et rejoint les autres femmes au moment même ou des décibels provenant de la mosquée Ben Badis, situé à un jet de pierre de l'école, déchirent le ciel bleu et serein de ce début de juin. Les femmes sont entrées les premières, suivent ensuite les hommes. Ils sont ouvriers, voyageurs, sans domicile fixe à échouer dans ce resto. «En raison de sa proximité avec le square Pasteur et la gare ferroviaire, ce restaurant accueille en moyenne chaque soir 400 personnes, dont une cinquantaine de femmes, toutes en difficulté sociale», explique Mustapha Bouzid, directeur des affaires sociales de la commune de Béjaïa qui est venu effectuer sa visite quotidienne. Dans la spacieuse cour de l'école, les tables sont déjà occupées. Dans le tohu-bohu, Dda Lahlou, en retraite depuis une bonne quinzaine d'années, parvient à avoir une place de choix : pas loin de la cuisine. C'est pour avoir une ration de plus qu'il emportera avec lui, expliquera un serveur. «La moitié des personnes qui viennent déjeuner chez nous sont des habitués des lieux et nous entretenons d'excellentes relations avec elles», affirme Hachemi, le cuisinier qui gère ce restaurant depuis 2006. «Nous avons dès le début choisi de mettre ces femmes dans une salle de l'école afin d'éviter les incidents qui pourraient survenir», raconte le gérant qui rejoint son équipe. On n'entend plus maintenant que le bruit des cuillères raclant le fond des assiettes.
La soupe à base de blé concassé avalée, on attaque un plat de haricots secs. Dda Lahlou lorgne sur ce qui semble être un bout de viande entre les flageolets blancs et tendres. De sa louche, il pêche le morceau ; un bout de graisse à laquelle tient miraculeusement un lambeau de viande. Le plat de haricots est très fade, mais qu'importe pour ces ouvriers qui crèvent la dalle dans les riches chantiers de la ville, l'essentiel étant de se remplir la panse. «On mange beaucoup mieux à Sétif» lance un «convive», désignant du menton le plat vide et dégarni de son compagnon. Venus tous les deux de la capitale des Hauts-Plateaux, ils rejoindront Alger par autocar dans la soirée. Des voix s'élèvent dans la cour. «Du pain !», comme pour appuyer les dires de nos deux interlocuteurs. La demi-baguette servie en début de repas a suffi à peine. Un serveur avance avec un grand panier de boulanger, mais la dizaine de flûtes n'a couvert que la demande de la table située devant l'entrée de la cuisine. «Nous avons un budget de 2 millions DA pour 400 couverts/jour en moyenne, nous faisons donc en sorte de satisfaire du mieux qu'on peut ces couches défavorisées», révèle le directeur municipal en réponse à notre réflexion quant à la qualité des repas. Tout compte fait, le repas revient à 160 DA. Un chiffre qui explique en grande partie le misérable f'tour sans viande et sans sucreries auquel seront conviés les démunis pendant tout ce mois de ramadhan. Du boulevard derrière l'école, la circulation automobile se fait de plus en plus bruyante. Quinze minutes après vingt heures, les tables commencent à se vider. Souhila, la quarantaine bien cachée derrière le mascara cernant ses grands yeux noirs, quitte la première la salle où elle avait dîné avec les autres femmes. Elle passe devant une table inoccupée et regarde les pots de yaourt disposés dessus. Elle risque un «je peux en prendre un ?» auquel Hachemi, le gérant, répond favorablement. «Tu vas où maintenan?» osons-nous. «Je m'en vais chercher le repas du s'hour, la rahma s'arrêtant au f'tour» sourit-elle, en essuyant du revers de la main quelques miettes de pain collés sur sa vieille robe.


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