Parce que tout le staff est bénévole, le restaurant justement appelé le «resto Rahma», prévoit de porter aide aux démunis et soutien aux familles. En 1990, le Doc, comme on aime l'appeler à Bordj Bou Arréridj, alors prothésiste, à la tête de son propre cabinet, ce bienfaiteur décide soudainement de tout plaquer. Parce qu'El-Hadj Mohamed a déjà sa petite idée en tête. Ces 18 dernières années, durant des journées toutes entières, il s'adonne au bénévolat et traîne ses bottes dans les associations de solidarité. Ses spécialités : la préparation des repas de Ramadhan, être présent durant les catastrophes naturelles et apporter des aides pour tous les nécessiteux durant toute l'année. En outre, il est présent aux côtés de toutes les associations des parents d'élèves et les enseignants de la wilaya. Les acteurs d'espoirs, les artisans du changement, les héros de l'ombre, tous ces gens qui, chaque jour, décident d'améliorer le quotidien des moins chanceux, nous montrent leur sincérité quand, comme doc, ils cherchent avant tout la cohérence, le bon sens. Au volontariat, nationalisme et solidarité ne peuvent être dissociés. Et le docteur fait son maximum pour ça. Le côté social y est très visible, palpable même. Mais pour le côté solidarité, c'est plus subtil, surtout dans un restaurant Rahma. «On sert pas moins de 800 repas de qualité ! », précise notre gérant. C'est bien ça le bon sens ! Et chacun y trouve son compte. Le bénévole qui se nourrit de satisfaction de son action de solidarité, le bénéficiaire qui allie plaisir et soutien et El-Hadj Mohamed… à sa place. Mais au cours de ses différentes rencontres, une chose le frappe : sa démarche bénévole auprès des plus démunis suscite l'admiration de son entourage. «Plusieurs personnes me disaient : 'moi, je n'en serais pas capable.' Le contact direct avec la misère leur faisait peur», explique El-Hadj Mohamed. Et pourtant, l'envie d'agir était bien là. ?Quoiqu'il en soit, le temps n'est pas encore venu, pour lui, de se relancer dans la vie active. El-Hadj Mohamed Mokrani a soif de bienfaisance. Ses actions durant plusieurs années viendront confirmer sa motivation et son sentiment : «la solidarité est un bien précieux qu'il faut entretenir», dira-t-il. Depuis plus de 18 années, à chaque Ramadhan, pas moins de 800 repas par jour sont servis dans ce resto, situé dans l'école des sourds et muets de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Cet espace est aménagé par l'association. Selon le volontaire, il arrive que les tables prévues ne suffisent pas car le flux est très important. «Les gens qui viennent rompre le jeûne dans ce resto ne sont pas forcément des personnes nécessiteuses, nous accueillons également des passagers et aussi des fonctionnaires qui vivent seuls et qui n'ont personne pour leur faire à manger», indique notre interlocuteur. Toujours selon ce dernier, les repas sont composés d'une soupe, d'une entrée, d'un plat de résistance et d'un dessert. «C'est un repas riche et équilibré en protéine et en vitamine, comme ceux que l'on retrouve sur notre maïda à la maison. » A l'heure du ftour d'avant-hier, aucune file d'attente devant la porte. «Nous faisons entrer les familles d'abord, car elles sont accompagnées de leurs enfants, ensuite les autres. Tout le monde a droit à un repas», a déclaré M. Mokrani Mohamed. Le resto grouille de monde en ce quatrième jour du mois de Ramadhan. Les serveurs s'apprêtent à accueillir les jeûneurs. Ici, tout est organisé comme un vrai restaurant, pas de chaîne devant la porte, des tables bien dressées, double assiette et des couverts astiqués. A l'intérieur, de petites salles sont aménagées pour les femmes et les familles. «Nous recevons tous types de personnes dans ce restaurant et nous tenons à bien les servir afin que les gens se sentent comme des clients et non des nécessiteux. Ici, tous le monde se côtoie du SDF au travailleur de passage à l'étranger des pays de Maghreb et du Sahel», explique un serveur du restaurant.