Pour combler le vide et prendre en charge la kyrielle de problèmes quotidiens auxquels font face les citoyens, pratiquement tous les villages de Kabylie, dont le nombre dépasse les 3600, restent attachés au mode de gestion ancestral par le biais de tajmaât. Chaque village est doté d'un comité élu démocratiquement par l'ensemble des villageois. Ses membres, appelés «ttamen», jouissent, dans la plupart des cas, d'un charisme religieux. Ils sont une sorte d'élus chargés de veiller au bon fonctionnement des affaires du village. C'est une organisation ancestrale fortement ancrée dans la mémoire collective et individuelle de la société kabyle. Grâce à des modes d'organisation traditionnelle éprouvés, «tajmaât» fonctionne comme une horloge suisse, pas mal de problèmes y sont résolus. A titre illustratif, nous avons choisi de citer le village Azera, dans la commune de Tigzirt. En effet, les responsables de ce village qui compte 1000 âmes ont procédé à l'entretien des pistes de leur village menant vers tous les hameaux, avec leurs propres moyens. Une couche de béton sur plus de 2 km est posée.Pour le problème du manque d'eau, les villageois ont opté pour le captage de l'eau de la source qui se trouve en haut du village. Cette ressource précieuse est distribuée régulièrement et d'une façon équitable pour chaque foyer. Le tout est financé régulièrement par l'ensemble des villageois. Les émigrés apportent aussi un soutien financier considérable. Pour ainsi dire, les comités de village se substituent aux structures de l'Etat pour prendre en charge toutes les carences. Sur le volet culturel et social, des traditions ancestrales sont perpétuées chaque année, à l'image de la «twiza» ou de «timchret» et autres fêtes religieuses.