Les dernières déclarations de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) et de la Caisse nationale des retraites (CNR) concernant la non-suspension de dépôt des dossiers de retraite proportionnelle ainsi que la proposition de l'établissement d'une liste des métiers pénibles, n'ont pas été rassurantes pour les protestataires. Contacté hier par nos soins, un syndicaliste et leader du mouvement anti-gel de la loi 97-13 au niveau de la SNVI, a estimé qu'à travers ses annonces «le gouvernement est en train de gagner du temps». Selon lui, cette décision de prolonger les dépôts de dossiers pour ceux qui désirent avoir une retraite proportionnelle sans condition d'âge jusqu'à la fin de l'année «ne nous arrange pas». «Il y a parmi nous des travailleurs qui ont plusieurs années de travail derrière eux. Ils ont plus de cinquante ans et ils n'aspirent qu'à une chose : partir à la retraite !» Cette décision de continuer à recevoir les dossiers jusqu'à décembre prochain est donc une fuite en avant, insiste notre interlocuteur. Quant à la classification de certains métiers comme étant des professions pénibles et auxquels les travailleurs peuvent demander, s'ils le veulent, une retraite avant l'âge de 60 ans, le syndicaliste l'a juge comme étant «une bonne initiative», même s'il reste méfiant quant à son application. «Comment voulez-vous croire à de telles promesses lorsqu'on vous dit une chose et son contraire.» «En février, on nous a dit qu'ils ne toucheront jamais à cet acquis de la retraite anticipée. En juin, on vient nous dire qu'il ne s'agit plus d'un acquis et que désormais pas question de sortir avant 60 ans», rappelle-t-il avant de revenir sur la crise économique, en général, et de critiquer le gouvernement. «Ce dernier nous a berné des années durant en nous disant que jamais la crise ne nous atteindra. Voilà maintenant dans quelle situation nous nous retrouvons», a-t-il regretté. Quant à la réplique à donner à l'évolution de la situation, le syndicaliste a estimé qu'il faudrait attendre la réunion de leur fédération et de l'union locale de Rouiba pour décider si oui ou non le mouvement de protestation va se poursuivre. Depuis l'annonce par le gouvernement de l'abrogation de l'ordonnance 97-13 du 13 mai 1997 permettant aux travailleurs qui le souhaitent de partir à la retraite sans condition d'âge, un mouvement de protestation s'est emparé des deux plus importants pôles de l'industrie algérienne, à savoir la zone d'activité de Rouiba et les zones pétrolifère et gazifière de Hassi Messaoud et de Hassi R'mel. Pour rappel, après le mouvement de protestation que la décision née de la dernière tripartite a suscité au sein des travailleurs, le secrétaire général de la FNTR, Smaïl Boukris, avait souligné dans une déclaration rapportée par l'APS la nécessité de permettre à ces catégories de travailleurs de bénéficier de leur pension de retraite dès l'âge de 55 ans, «en raison précisément de la pénibilité de leur carrière professionnelle». Il a ainsi appelé à promulguer un décret en se référant à l'article 7 dans la loi 83-12 relative à la retraite, lequel stipule : «Les travailleurs occupés dans des emplois présentant des conditions particulières de nuisance, bénéficient de la pension avant l'âge prévu à l'article 6 de la loi», qui est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes.