L'Algérie a été classée pays à risque élevé par l'assureur français, la Coface, dans sa dernière révision trimestrielle des risques pays publiée hier. L'Agence française spécialisée dans l'assurance-crédit a pris en compte l'impact de la baisse du prix du pétrole sur l'économie algérienne, un impact jugé " considérable ". Selon la note de la Coface, la baisse des prix du pétrole continue à se faire ressentir au sein des pays exportateurs de pétrole. L'assureur cite l'Arabie Saoudite (nouvelle évaluation B), Koweït (A3), Qatar (A3) et l'Algérie (C). Ces pays ont enregistré un important déficit public et l'activité hors hydrocarbure a connu un ralentissement. C'est aussi le cas de l'Angola (D) et de la Zambie (D), suite à la dépréciation de leur monnaie locale liée au ralentissement chinois et à l'effondrement du prix de matières premières, et du Mozambique (D) confronté à une haute probabilité de défaut de paiement. En janvier dernier, la Coface avait déjà dégradé l'Algérie comme pays à " risque assez élevé avec perspective négative ". La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur avait classé l'Algérie à la catégorie (B), en matière d'impayés des entreprises. L'Algérie avait perdu alors sa note A4 qui était considéré comme une évaluation convenable. Les évaluations risque pays de la Coface mesurent le risque de crédit moyen des entreprises d'un pays, sur une échelle de 8 niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C, D, E, dans l'ordre croissant du risque. En raison de sa dépendance exclusive des exportations pétrolière et gazière, l'économie algérienne a enregistré un déficit public important durant l'année 2015, évalué à plus de 30 milliards de dollars. Pour l'année 2016, on s'attend également à un déficit de même ampleur. Cette situation de déséquilibre financier met en difficulté les entreprises soumises à une politique de change très stricte et prudentielle. Les réserves de change du pays ont fondu en l'espace d'une année passant de 196 milliards de dollars fin 2015 à 136 milliards au mois d'avril 2016. Ceci a poussé les autorités publiques à imposer des licences d'importations et des mesures restrictives aux opérateurs du commerce extérieur pour préserver les réserves du pays, en attendant la reprise des cours de pétrole. Par ailleurs, la Coface a revu aussi à la baisse la prévision de croissance mondiale de 0,2 point, à 2,5%. De plus en plus de pays émergents figurent, selon cette compagnie, dans les catégories de risques " extrême " et " très élevé " et les trois plus grandes économies mondiales fragilisées. Les deux autres plus grandes économies mondiales n'échappent pas à l'aggravation du risque de crédit : après le déclassement du Japon à A2 en mars dernier, c'est le tour des Etats-Unis et de la Chine, dégradés respectivement en A2 et B.En Europe, les incertitudes politiques pèsent aussi sur la confiance des entreprises et des ménages.