A une année des prochaines élections législatives et communales, la précampagne de terrain a commencé. Mais, ce qui risque de jeter du discrédit sur ces échéances, c'est l'option de boycott «presque retenue» par l'opposition regroupée. Un véritable affront pour le pouvoir en place et la crédibilité des futures assemblées si les ténors des deux mouvances islamiste et républicaine, notamment, décident de déserter l'arène. En tout cas, «la décision de boycotter les prochaines législatives est bien mûrie», affirme une source de l'Instance de concertation et de suivie de l'opposition (Icso). Selon elle, tout est cependant relatif à la volonté du pouvoir d'aller vers un scrutin libre et transparent, à travers une révision de la loi électorale. Seule garantie de cette transparence, l'institution d'une commission indépendante de gestion et de surveillance du processus électoral, du début jusqu'à la fin. «La commission introduite dans la nouvelle Constitution ne constitue aucune garantie», tranche notre source, ajoutant que «la solution est dans la révision de la loi relative aux élections». «Si le pouvoir continue de tourner le dos à cette revendication et ne fait pas preuve d'intelligence pour donner du crédit aux urnes, il n'y a pas de doute qu'on ira vers un boycott collectif», dit-elle, rappelant que la dernière réunion de l'Icso avait largement débattu la question. Notre source explique que l'opposition est unanime sur le fait qu'«il est inadmissible que le ministère de l'Intérieur ou celui de la Justice, qui sont parties prenantes du pouvoir exécutif, continuent de gérer l'opération électorale». C'est dire qu'à une année des joutes de 2017, le spectre du boycott massif met le pouvoir devant une situation délicate. Réviser la loi et répondre favorablement à la revendication de l'opposition ou se contenter de la commission instaurée à la faveur de la révision constitutionnelle de février dernier. Dans les deux cas de figure, il est perdant. D'abord, parce qu'il risque de voir les partis FLN et RND doublés par ceux de l'opposition en cas d'un scrutin transparent géré indépendamment de l'administration. Sinon de se retrouver seul dans une élection sans crédibilité. L'impasse est réelle et la décision que prendra le pouvoir d'ici là donnera un aperçu de quoi seront faites les prochaines législatives et locales. Pourtant, il faut dire qu'au sein même de l'Icso, certains ne sont pas tout à fait dans cette optique de boycott. L'absence de Mohcine Belabbas, président du RCD, du 2e congrès tenu en mars, a laissé libre voie aux doutes. Des indiscrétions parlent même de négociations entre le parti qu'a quitté Saïd Sadi et le pouvoir. Les partis retrouvent le terrain Pendant ce temps, les partis du pouvoir et ceux de l'opposition ne perdent pas de temps. Critiquée pour ces réunions périodiques sans suite, l'Icso qui continue de défendre le projet de transition démocratique pour une sortie de crise a changé de tactique. Ses membres occupent depuis des semaines le terrain à travers des sorties de proximité, conférences et autres rassemblements. Jil Jadid, le MSP, le RCD, Ennahda et Talaie El Houriyet pour ne citer que ceux-là, animent chacun de son côté des rencontres à travers des wilayas. «Nous avons décidé d'occuper le terrain et d'être proches des citoyens pour expliquer notre démarche et les éclairer sur la situation», soutient notre source, non sans reconnaître que «dans la vie d'un parti, il y a toujours les échéances qu'il faut préparer». Dans le camp du pouvoir, le FLN a lui aussi opté pour l'activité de terrain avec les déplacements de Amar Saâdani à Adrar, puis prochainement à Tébessa et à Maghnia, tandis que le RND s'est offert une stabilité de cinq ans pour bien préparer les joutes de 2017. C'est que dire que la confrontation a commencé bien avant l'heure.