Malgré le contexte de crise qui a caractérisé le secteur des transports dans le monde depuis 2008, la compagnie nationale Air Algérie a réussi à dégager des bénéfices de l'ordre de 3 milliards de dinars lors du précédent exercice. Affichant une situation financière saine, l'entreprise publique a pu convaincre les pouvoirs publics de la réintégration de Tassili Airlines dans son giron et de son nouveau plan de développement à l'horizon 2014. Après trois exercices déficitaires (2005, 2006 et 2007), Air Algérie a réalisé un excédent financier en 2008. Le chiffre d'affaires est passé de 49,41 milliards de dinars en 2007 à 54,36 milliards de dinars en 2008. Le bénéfice après impôt a été de l'ordre de 2,28 milliards de dinars. Elle a transporté 3,2 millions de passagers, dont 1,8 million sur les vols internationaux. La trésorerie de la compagnie s'élève, quant à elle, à 35,5 milliards de dollars. «Notre situation financière est saine, ce qui nous a permis de nous projeter dans l'avenir avec assurance et des objectifs réalistes. Avec des capacités de financement importantes, nous avons pu rembourser les crédits contractés lors des emprunts obligataires», a tenu à souligner hier le premier responsable de la compagnie, Abdelwahid Bouabdallah, lors d'une conférence de presse organisée au Cercle national de l'armée à Alger. L'opération d'emprunt, réalisée pour rappel en deux phases 2004-2005, sera clôturée en 2011 avec le remboursement des échéances prévues, en sus de l'octroi des taux d'intérêt promis. Ces emprunts ont permis de lever 41,6 milliards de dinars, ce qui a permis l'achat de six avions de type ATR 500, de cinq Airbus 330/200 et trois Airbus 737/800. A ce jour, 11,90 milliards de dinars ont été remboursés. Il est prévu le remboursement entre 2009 et 2011 de 29,71 milliards de dinars, dont 3,3 milliards de taux d'intérêt. La croissance commerciale de la compagnie a été estimée à 9% et celle du chiffre d'affaires à 10%. Assurant 70 destinations, le parc d'Air Algérie est fort de 32 avions et d'un effectif de 8800 employés. L'amélioration de la situation financière est le fruit d'un travail «laborieux» de toutes les équipes, a tenu à préciser le nouveau patron de la compagnie nationale. «Nous avons réduit les frais d'exploitation de nos avions. Les activités de maintenance se font en Algérie, dans nos ateliers. Nos avions ont été rentabilisés grâce à une bonne politique commerciale et à une exploitation sur des lignes très rentables», a fait savoir M. Bouabdellah, tout en ajoutant que les résultats obtenus «ont été affectés par le renchérissement des prix du kérosène, en augmentation de 28% en 2008, la volatilité du dollar (60% des recettes de la compagnie à l'international sont payés en dollars) et la baisse de nombre de voyageurs». S'agissant de l'année 2009, le premier responsable d'Air Algérie a affirmé qu'«il est probable que les effets de la crise économique et financière en Europe auront sûrement un effet et des incidences négatifs sur le marché de la compagnie, à travers notamment le déplacement de la communauté algérienne installée à l'étranger». La nouvelle stratégie Anticipant la crise financière et économique, la direction d'Air Algérie veut donner une nouvelle dimension à l'entreprise. Le PDG Abdelwahid Bouabdallah a présenté hier la nouvelle stratégie mise en œuvre pour faire face à la concurrence, une «concurrence féroce et impitoyable», tient-il à relever. Dans cette nouvelle politique, il entend rationaliser la flotte et reconfigurer le réseau pour permettre une plus grande utilisation des appareils et améliorer la productivité des autres moyens de production, tels que le catering et la maintenance. Il s'agit aussi d'accroître la productivité du personnel en optant pour une nouvelle dynamique de changement. «L'Etat est prêt à mettre de l'argent pour développer la compagnie nationale. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia nous a demandé de développer toutes les filiales d'Air Algérie et de faire d'elles des entités puissantes», a ajouté le patron de l'entreprise historique. Vers l'absorption de Tassili Airlines ? M. Bouabdallah a annoncé hier qu'un conseil interministériel s'est tenu le 7 juin sous la présidence du premier ministre. Lors ce conseil, il a été décidé de redéfinir le rôle de la compagnie Sonatrach, Tassi Airlines, créée en 2006 mais qui n'a jamais pu fonctionner. «Ensemble, on peut mieux faire. Il ne faut pas oublier que nous avons un petit marché. Maintenant, si Tassili veut reprendre le transport des pétroliers, cela veut dire qu'elle veut avoir le marché le plus juteux. Et comme nous avons un seul propriétaire, l'Etat, il vaut mieux s'associer et développer le ciel algérien», a déclaré le PDG d'Air Algérie, tout en annonçant qu'une importante réunion sera organisée prochainement, regroupant les ministres de l'Energie et des Transports, ainsi que les PDG d'Air Algérie et de la compagnie pétrolière Sonatrach. Air Algérie compte proposer à la société nationale des hydrocarbures de céder Tassili et de reprendre des actions dans les filiales de maintenance et du cargo, deux activités appelées à se développer, selon M. Bouabdellah. Création d'un hub à l'aéroport international d'Alger Ambitieuse, la stratégie d'Air Algérie ne s'arrête pas à quelques propositions. Les pouvoirs publics ont été sensibilisés sur certains projets devenus indispensables, à l'instar de la création d'une plateforme de correspondance aérienne et le développement d'une activité de handling (assistance aux avions dans les escales). La création d'un atelier spécialisé dans la révision du moteur et l'ouverture de navettes sur la région nord constituent également des projets stratégiques aux fins de se repositionner sur un marché de plus en plus difficile.