Repositionnement ? Instruit d'en haut ? Ou déclaration de guerre à Amar Saâdani ? La sortie de l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, prête à beaucoup d'interprétations, à quelques mois seulement d'échéances électorales décisives. Abdelaziz Belkhadem n'est pas fini politiquement. Loin des projecteurs, l'ex-patron du Front de libération nationale (FLN) ne désespère pas de reprendre en main le parti du pouvoir. Et pour ce faire, il doit d'abord unir les opposants de l'actuel secrétaire général. Dans une lettre adressée samedi aux militants, il exhorte les deux ailes dirigées à présent par Abderrahmane Belayat et Layachi Daâdoua «à unir les rangs et à travailler main dans la main pour atteindre l'objectif tracé». De quel objectif s'agit-il ? Belkhadem l'explique sans ambages : «Le terrain du combat pour se réapproprier le FLN, le remettre sur la bonne voie et sa conviction politique novembriste est un grand champ que personne d'entre nous ne doit contrôler sans l'autre. Il faut que nous travaillions toujours de façon à nous compléter les uns les autres pour combler toute faille qui élargirait le fossé et la division entre les enfants d'un même parti», écrit-il dans sa lettre, adressée à l'issue d'une rencontre avec le président du comité qui lui est fidèle. Le ton est donné et le message n'est autre qu'une tentative de jouer le médiateur, le réconciliateur et le rassembleur. Des questions pourtant s'imposent. Repositionnement ? Instruit d'en haut ? Ou déclaration de guerre à Amar Saâdani ? Quoi qu'il en soit, la sortie de l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, prête à beaucoup d'interprétations à quelques mois seulement d'échéances électorales décisives. Les législatives de 2017, mais aussi la course à la présidence de la République, plus que jamais relancée. Plus que ça, l'appel de l'ancien ministre d'Etat, conseiller spécial du président Abdelaziz Bouteflika intervient au moment où l'actuel secrétaire général de l'ex-parti unique traverse une période de «vide» pour ainsi dire. Amar Saâdani a, en effet, disparu des radars, alors qu'il est un habitué des médias. Ses sorties devenaient encombrantes pour l'entourage du chef de l'Etat, selon certaines sources. Cherche-t-on alors à replacer Belkhadem à la tête du FLN ? Cet homme qui a appris à se tenir dans l'ombre (à la méthode Ouyahia) pour faire peau neuve ne semble pas agir en solo en tout cas. Démis par Bouteflika de ses fonctions de ministre d'Etat en août 2014 après un bref retour, Abdelaziz Belkhadem ne désespère pas de reprendre les rênes du parti qu'il a perdu en janvier 2013 lorsque le comité central a voté son retrait de confiance à 160 voix. Il a d'ailleurs tenté un forcing en juin 2014 à l'occasion de la tenue d'une autre session du CC, laquelle s'est soldée par une bagarre générale à l'hôtel El Aurassi. Belkhadem qui, aujourd'hui, «regrette la situation de division entre militants et cadres» où se trouve le FLN estime que «l'union va mener à la victoire» et que «le travail en commun est une nécessité imposée par la conjoncture et la tradition». «Nous ne pouvons imaginer de victoire pour les militants alors que le Front est divisé entre le moudjahid et ex-ministre Abderrahmane Belayat et Layachi Daâdoua, dans une conjoncture rongée par les complots et les coups contre le parti des martyrs, véritable locomotive de l'Etat algérien», soutient-il. Enfin, bien qu'il invite ses partisans «à ne faire la promotion d'aucun nom», il serait naïf de ne pas assimiler la lettre de Abdelaziz Belkhadem à une offre de service.