La localité de Maâtkas, à 25 Km au sud-ouest de Tizi-Ouzou, s'apprête à accueillir la 7ème édition du Festival local de la poterie qui se déroulera du 25 au 29 juillet courant. Cette manifestation culturelle qui fait sortir cette région du sud de la wilaya de sa léthargie est organisée sous le patronage du ministre de la Culture et sous l'égide du wali. Cette fois encore, et comme à l'accoutumée, c'est le collège Ounar Mohamed de la ville qui abritera l'essentiel des activités notamment le marché de la poterie auquel participent quelques soixante artisans-potiers issus non seulement de cette localité, mais aussi de cette localité d'autres communes de la wilaya ainsi que de plusieurs autres régions du pays. Les organisateurs ont mis les bouchées doubles pour faire de cette nouvelle édition une vrai réussite, à même d'honorer la réputation de la région de Maâtkas et rendre hommage aux potières qui, malgré les aléas ont su transmettre de génération en génération cet art artisanal ancestral qui a su ainsi traverser les âges et se perpétuer malgré les innombrables difficultés auxquelles il est confrontées. Parmi les difficultés rencontrées, noues citerons le manque de mesures d'accompagnement à même de permettre aux artisans potiers de vivre de leur art. L'organisation d'une fête annuellement ne peut suffire. D'ailleurs cette manifestation semble en pâtir un peu en raison des subventions allouées à ce festival qui ont été revues très sensiblement à la baisse pour cette année. Les organisateurs s'attellent à l'heure qu'il est, à opérer les derniers réglages et à arrêter le programme définitif de cette 7ème édition et mettre en place tous les moyens logistiques nécessaires pour la réussite de cet événement artisanal, économique et culturel et de haute facture. Parmi les activités retenues par les organisateurs, on citera, outre l'exposition vente de poterie et d'autres arts traditionnels, des conférences, des ateliers pour enfants et autres animations. La poterie ou le geste ancestral Il est important de signaler que cette nouvelle édition intervient dans un contexte difficile pour ce métier caractérisé par sa perte progressive. Assuré par les femmes potières protectrices, ce métier ancestral fait selon un procédé très ancien, dit à colombin, consiste à modeler des objets par superposition de bandes d'argile sans recours à une quelconque machine. Ces dernières, disparaissent les unes après les autres, et la relève n'est pas assurée, ou timidement quand elle l'est, d'où l'importance de la formation. La réalisation d'infrastructures où les artisans pourraient rentabiliser leur savoir et surtout le transmettre aux futures générations est devenue indispensable pour pérenniser ce métier et redonner un nouveau souffle à l'artisanat, ce secteur pourvoyeur de poste d'emplois mais aussi de tourisme. Il est vrai cependant que durant les siècles et malgré les développements technologiques qui ont donné un sérieux coup à certaines activités artisanales, comme l'utilisation du plastique et de l'aluminium pour fabriquer des ustensiles, la poterie a su quand même résister grâce peut être à son originalité, ses décorations et ses motifs. C'est aussi grâce aux villageoises que cet artisanat a su résister. Ce sont les femmes qui font vivre la poterie et la transmission de la fabrication à la main des jarres, couscoussiers, vases, lampes à huile, objets de cérémonie de mariage, etc. Des objets usuels qui ont une finalité effective et, à un moindre degré, une fonction décorative. La société traditionnelle kabyle étant de type patriarcal, le pouvoir financier a toujours été entre les mains des hommes. Les femmes qui avaient l'apanage de la poterie faisaient le troc en échangeant leurs produits contre d'autres objets. Une variété phénoménale La poterie berbère ne se résume pas à l'objet lui-même et à son usage direct. C'est aussi un moyen de transmission et de communication. Décorés de symboles géométriques, zoomorphes et anthropomorphes, les objets de poterie dans toute leur grandeur, évoquent ceux des tatouages et des bijoux. Selon les spécialistes ayant étudié ces objets, le sens de leurs motifs et décorations, les symboles " permettaient en fait à l'origine une espèce de traçabilité de l'identité du village, de la tribu etc, et qu'à l'arrivée des Arabes au VIIe siècle, les Berbères ont gardé leurs croyances animistes et appliqué une version personnalisée de l'Islam, qui se retrouve dans leurs arts et coutumes diverses " et que " si les motifs de serpents, papillons, scorpions, mouches, oiseaux, etc., et les figures géométriques (carrés, rectangles, croix, triangles, losanges) se retrouvent encore aujourd'hui, de nouveaux symboles sont apparus liés à la vie moderne".