L'essai d'Ahmed Bensaada paru aux éditions Frantz-Fanon jette un pavé dans la mare en accusant les intellectuels néo-colonisés d'être à la solde des têtes bien-pensantes occidentales. Sans être détracteur, et sans vouloir verser dans la diffamation et le réquisitoire, selon ses dires, l'auteur tente d'argumenter tous ses propos accusateurs par des exemples tirés du vécu ou des paroles de ces intellectuels. Mais cet essai prend des proportions qui font que l'écrivain Kamel Daoud est jeté en pâture ainsi que d'autres comme Boualem Sansal et Amin Zaoui etc. L'auteur s'insurge et fustige à coups de mots et de paroles violentes certains écrivains algériens. Invectives, avanies, réquisitoire ou pamphlet, cet ouvrage est d'une grande violence à l'égard de Kamel Daoud. A ce sujet il écrit : «L'écrivain néo-colonisé du 21e siècle est facilement identifiable. Intronisé dans le temple de la science infuse, complètement phagocyté par la bien-pensante occidentale, il s'extirpe du terroir qui l'a enfanté et tend un énorme doigt accusateur menacé par d'autres tout au long de ces quelques chapitres. Celui-ci est corroboré par celui de Jacque-Marie Bourget qui, en préface, annonce en termes caustiques la couleur. «Il est le premier à mettre à nu, comme une grenouille autopsiée, la vérité de ces intellectuels maghrébins qui, par un effet de balancier digne du pendule de Foucault, ont décidé de jouer les supplétifs des pires ‘'penseurs'' néo-conservateurs français. Dans leur croisade du choc des civilisations, il leur faut du renfort basané. C'est bien connu, le colon a toujours besoin de son bon nègre, de son indigène alibi. Y a bon Banania. Dans cette guerre faite aux Arabes et musulmans, où à la tourelle, son char à pédales BHL (Bernard Henri Levy) se rêve en Patton, un nommé Kamel Daoud va être recyclé par les élites de Paris et qui, lui-même, était un militant barbu du FIS (front islamique du Salut)… Kamel Daoud saute subitement la source de Zemzem et découvre que Dieu est athée…» Dans ce livre, Bensaada évoque des thématiques dans ses chapitres dont Les violeurs de Cologne, La langue arabe, La Palestine et Les fetwas qui sont traitées par Kamel Daoud. Il fait le parallèle entre lui et d'autres poètes et écrivains comme Amin Maalouf, Nazim hikmet, Albert Memmi etc., qui visent à détruire les murs érigés comme des forteresses. A cet effet, il reprend une citation : «Amin Malouf est convaincu que l'on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l'héritier sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d'autres sont porteurs». A méditer !... Pour lui, le chroniqueur Kamel daoud fait preuve «d' un ton, d'un style, quel que soit le thème traité, similaire à celui du père fouettard qui déblatère, vitupère et exaspère». Bien documenté et avec moult détails et arguments, cet essai de ce doctorant en physique de l'université de Montréal fera couler beaucoup d'encre. Ce chercheur, conseiller et essayiste, a à son actif plusieurs ouvrages dont Arabesques : enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes. A coup sûr, ce livre d'Ahmed Bensaada continuera de faire polémique et à susciter débats et controverses.