Si le ministre de l'Enseignement supérieur s'est montré rassurant quant aux moyens mis en place pour la prochaine rentrée universitaire, le Conseil national des enseignants du supérieur dresse la liste des dysfonctionnements auxquels devront «encore» faire face les étudiants. Le coordinateur national du Cnes indique que plus de 50% des étudiants en première année vont devoir redoubler. L'université algérienne placée comme «secteur stratégique» dans la nouvelle Constitution est loin de pouvoir «produire une élite qui va répondre aux soucis du développement du pays», lance Rahmani Abdelmalek. «Plus de 50% des étudiants ont échoué durant leur première année tandis que le reste est en position d'échec», dit-il. «Le gouvernement cherche la paix sociale, il se limite à des bilans et des calculs d'épicier», lâche-t-il, en faisant référence aux dernières déclarations du ministre de l'Enseignement supérieur. Ce dernier, s'est, effectivement, attardé lors de sa récente sortie médiatique sur le nombre de place pédagogique, de spécialistes disponibles sans «poser les réels soucis de l'université : la formation», regrette le coordinateur national du Cnes. «La formation ne se limite pas à une place pédagogique ni à un lit ou une bourse. L'étudiant a besoin d'être encadré pour une meilleur formation capable de lui ouvrir les portes du travail.» Et ceci passe, dit-il inévitablement par la présence d'un enseignant qui jouit de toutes ses conditions socioprofessionnelles. Or ce n'est pas le cas. «70 % des enseignants à l'université touchent moins de 50 000 DA. Certains abandonnent au bout de deux à trois ans pour des postes plus rentables dans des multinationales», citera-t-il pour exemple. Rahmani Abdelmalek affirme, en outre, que l'université algérienne dispose d'un enseignant pour 34 étudiants au lieu de 15 comme c'est le cas dans les universités étrangères. S'agissant de la qualité de l'enseignement en question, elle est loin d'être «satisfaisante», selon notre interlocuteur. «Il y a un réel problème dans l'enseignement des langues qui sont enseignées de manière et de niveau différents d'une région à une autre, que ce soit dans les établissements scolaires ou universitaires», fait-il remarquer. Par ailleurs, il pointe du doigt la tutelle qui ne met pas en œuvre un plan pour élever le niveau des étudiants. Il rappellera l'exigence du ministre de l'Enseignement supérieur de mettre en ligne des cours pédagogiques. «Cette exigence est loin d'être une solution pour évaluer l'acte pédagogique puisque le plus important doit se faire durant les cours avec un enseignant capable de transmettre les informations», préconise le coordinateur national du Cnes. Pour Rahmani Abdelmalek, un débat sur l'université et l'enseignement supérieur «doit être lancé». «Nous devons parler tous ensembles, que ce soit dans des assemblées, au sein du gouvernement, au Parlement... C'est un sujet qui doit toucher tous le monde», dit-il. Et de regretter la mise à l'écart des syndicats autonomes. «Le secrétaire général de l'UGTA a voulu monopoliser le terrain. Mais que connaît Sidi-Saïd en matière d'enseignement ? Il n'a jamais travaillé en tant qu'enseignant ni responsable dans une université. Il ne pourra jamais défendre ni parler de ce secteur», accuse Rahmani.