Le coordinateur du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), Abdelmalek Rahmani, est formel : « Il est impossible d'identifier les failles du LMD sans passer au préalable par un bilan profond de ce système qui n'arrive pas à être appliqué au sein des universités algériennes. » Pour lui, l'échec de cette nouvelle pédagogie ne réside pas tant dans son application mais dans l'incapacité de la faire évaluer et corriger afin de l'adapter. « Le bilan ne peut être fiable que si on connaît le nombre d'étudiants qui a été recruté par les entreprises algériennes et étrangères pour entamer la phase professionnelle », estime Rahmani. En dehors de ce cadre, tout jugement sur le LMD ne sera, selon le Cnes, que pure spéculation. « Sur quelle base se fonde-t-on pour parler d'échec ? », s'interroge Rahmani. « Aucune », note-t-il. Le représentant des enseignants esquisse une première lecture : « Tout ce qu'on a, c'est un chiffre de 30.000 étudiants qui ont fait la demande de visa l'année dernière pour aller poursuivre leurs études en France », observe-t-il. Un nombre qui lui fait dire s'il n'y a pas une volonté d'encourager nos étudiants à aller sous d'autres cieux après que l'Etat eut déboursé des milliards pour leur garantir des études dans leur pays. Le Cnes estime donc qu'il faut marquer une pause pour identifier les facteurs réels de cet échec en passant en revue les conditions dans lesquelles a été prise la décision de l'appliquer. « Ce système doit répondre aux besoins de toutes les institutions de l'Etat et tant qu'il ne répond pas à ces besoins, on peut parler d'échec. Car dix après sa mise en application, on n'a pratiquement rien », tranche Rahmani qui tient à préciser que le ministre de l'Enseignement supérieur a la volonté de remédier à la situation dans les universités d'Algérie. Côté étudiants, on estime aussi que l'application du LMD a été faite dans la précipitation. « La formation à ce système s'imposait d'abord pour les formateurs avant les étudiants », observe le SG de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea), Abdelatif Boudiaf. « Comment un professeur qui ne maîtrise pas bien le système LMD peut-il l'enseigner à l'étudiant ? », s'interroge le premier responsable de l'Unea. Sid-Ahmed Redouane, de la Ligue nationale des étudiants algériens (LNEA), estime, pour sa part, que le ministère doit encore mettre les moyens financiers pour pouvoir adopter ce nouveau système pédagogique. Il reste convaincu que « l'échec » du système LMD est fortement lié à un manque de moyens financiers. N'empêche, pour Mostefa Nouassa, secrétaire général de l'Union générale des étudiants libres (Ugel), « la solution du problème de la reconnaissance de l'équivalence du LMD avec le diplôme de licence classique suite à une note du Premier ministre Abdelmalek Sellal est un grand acquis pour les étudiants, délivrés, selon lui, d'une tourmente d'un vice de forme juridique ».