Malgré les autorisations d'importation octroyées aux concessionnaires, les véhicules ne sont pas encore disponibles. Les clients sont complètement perdus et ne trouvent pas de bagnoles dans les showrooms. L'autre casse-tête est la hausse des prix des véhicules neufs ou d'occasions. La crise s'accentue sans qu'il n'y ait aucun un espoir de solution. En effet, les prix des véhicules sont toujours en hausse. Les citoyens de la moyenne classe surtout n'arrivent même pas à acheter une petite citadine. Rania, salariée dans une entreprise privée, affirme avoir perdu confiance dans le marché algérien. Elle affirme qu'elle cherche depuis presque un an une petite voiture, mais elle a fini par abandonner. «Au début, je voulais acheter une Hyundai I 10, mais j'ai été choquée par son prix. Elle m'a été proposée par un distributeur entre 1 290 000 et 1 380 000 dinars selon les options. Donc, je me suis retrouvée à chercher une voiture d'occasion. Mais là, également, j'ai constaté que les prix ont subi une hausse parfois incompatible avec la qualité du véhicule», a confié cette employée résignée à continuer à prendre le bus pour rentrer chez elle ou pour effectuer des déplacements à l'intérieur du pays. Pour Abdou, également salarié, c'est la galère. «J'avais une voiture achetée en 2012. Je voulais la changer, mais j'ai constaté que c'était presque impossible. Les prix des véhicules ont augmenté de manière disproportionnée. Et quand j'ai lu sur la presse qu'il y aura du nouveau avec l'usine de Oued Tlelat qui fabriquera la Dacia Sandero Stepway je me suis dit, voilà sûrement une occasion d'acheter du neuf. En fin de compte, j'apprends que le véhicule coûte plus de 1 700 000 DA et il n'est pas encore disponible. Bref, il n'est plus possible dans ces conditions d'espérer un changement. Même la fameuse Symbol, produite à l'usine Renault d'Oran, n'est pas disponible. Il faut attendre au minimum 3 mois pour être livré.» Même topo au marché d'occasion Ayant perdu espoir, beaucoup de citoyens se ruent vers les sites internet proposant des véhicules d'occasion. Là aussi, la déception est grande. Fériel, qui a constitué un budget pour acheter une petite voiture se dit «malheureuse». «J'ai passé beaucoup de temps à dénicher une offre intéressante. Mais, j'ai dû renoncer. Les prix sont hors de ma portée surtout pour les véhicules qui n'ont pas beaucoup roulé et qui sont bien entretenus», constate-t-elle. Des voitures comme Picanto (Kia Motors) immatriculée en 2013, ayant roulé 58 000 km, est affichée à 1 300 000 dinars, presque au prix du neuf, il y a quelques mois. C'est inabordable pour beaucoup de personnes intéressées. Ceux qui espéraient acheter entre 600 000 et 800 000 dinars n'ont pas vraiment le choix. Pour bien comprendre la situation du marché noir, nous nous sommes rapprochés d'un revendeur de la wilaya de Borj Bou-Arréridj qui nous a fournis des explications fort intéressantes. Pour lui, «le marché d'occasion est déraisonnable et pas intéressant. La marge de gain est vraiment réduite, car les clients veulent profiter de la crise actuelle». Il est formel que les prix sont bien au-dessus de la réalité et ne reflètent pas la valeur réelle des véhicules. La non-disponibilité chez les concessionnaires a été citée comme la source de ce dérèglement. «Parfois, le véhicule neuf est plus cher au marché d'occasion que chez le concessionnaire. Est-ce que c'est normal ?», s'interroge-t-il. Il cite à titre d'exemple la Picanto immatriculée en 2016 qui a été proposée à 1 940 000 DA, alors que chez le distributeur officiel elle est à 1 610 000 DA. La Seat Ibiza est à 2 300 000 chez le concessionnaire, mais à 2 450 000 au marché d'occasion. Ceci n'arrive qu'en Algérie, d'après ce revendeur qui accuse les concessionnaires d'avoir favorisé les «spéculateurs» au détriment du client lambda. Offusqué, notre interlocuteur conseille aux consommateurs de patienter et de ne pas tomber dans le piège de la disponibilité. Le lancement de la production locale est vivement recommandé pour atténuer les effets de cette crise injustifiée pour beaucoup d'observateurs.