En l'absence d'une autorité qui régit le marché automobile d'occasion en Algérie, les prix des véhicules connaissent, depuis quelques années, une hausse vertigineuse. Une situation provoquée, en premier lieu, par l'instauration de certaines lois censées discipliner le marché de l'automobile neuve. Cette hausse est également fortement motivée par le comportement de certaines concessions automobiles qui créent un épuisement volontaire des stocks en le cédant à des revendeurs qui n'éprouvent aucun scrupule à «dépouiller» ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent pas patienter quatre voire six mois pour réceptionner leurs nouvelles voitures. Une activité très lucrative qui est devenue, en effet, monnaie courante dans nos marchés de l'automobile d'occasion. «En remarquant l'engouement des acheteurs sur le marché de l'occasion juste après l'instauration de la taxe pour l'achat de véhicule neuf, les barons de ce commerce n'ont eu aucune gêne à augmenter les prix des voiture», nous a confié Mokhtar, habitué du marché des voitures d'occasion. «Depuis quelques années, a-t-il renchéri, des monopolisateurs investissent ce marché. En l'absence d'une loi qui interdise ce genre de pratique, ces personnes n'ont aucun scrupule à spéculer sur les prix des voitures. Comment font-ils ? Un jeu d'enfant. Ils recherchent des personnes sans expérience dans le domaine, à l'extérieur du marché, qui veulent vendre leurs voitures. Ils leur proposent un prix raisonnable. Une fois la transaction effectuée, le véhicule est revendu à 20 000 dinars voire 50 000 dinars de différence, selon le modèle.» Cette pratique peu consciencieuse, selon notre interlocuteur, rapporte beaucoup, d'autant qu'aucune taxe n'est prélevée par l'Etat dans ce genre de transactions mis à part un formulaire qui doit être acheté dans un bureau des imports. «Je connais des revendeurs qui peuvent effectuer jusqu'à cinq transactions comme celle-ci par semaine. Surtout avec des modèles asiatiques. Vous savez comment la Altos est surnommée dans le jargon des revendeurs en raison de la forte demande sur ce produit d'occasion ? Un chèque à blanc !» nous a-t-il confié. Après quelques clics seulement sur le net, ce phénomène a bel et bien été confirmé. Sur un site Internet de petites annonces, les prix ont littéralement explosé. Ils dépassent même, pour certains modèles, les prix proposés chez les concessionnaires. Une Chevrolet Sail 2011, à titre d'exemple, ayant roulé 65 kilomètres seulement est proposée à 980 000 dinars, alors qu'elle est vendue chez le représentant de Chevrolet à 925 000 dinars. Une Peugeot 406 HDI, année 2001, est proposée à 720 000 dinars. Une Peugeot 206 essence année 2002 est cédée à 520 000 dinars. Une Hyundai Atos, année 2008, est proposée à 700 000 dinars. Une autre Atos 2010 est proposée à 800 000 dinars alors qu'elle est vendue chez le concessionnaire à 780 000 dinars. Sans commentaire. En attendant une prise de position tangible des pouvoirs publics pour instaurer une discipline dans ce secteur de l'occasion, l'anarchie et le diktat des revendeurs demeurent les deux règles qui régissent ce marché.