Deux Algériens étaient en lice, hier matin, dans le stade Joao Havelange, dans les séries du 1500 m des JO. Le premier, Taoufik Makhloufi, est un habitué de la distance puisqu'il en est le champion olympique en titre. Le deuxième, un jeune sans grande expérience, découvrait ce monde fait de stars. La réponse des séries est tombée comme un couperet : c'est bon pour Makhloufi qui se retrouve en demi-finale alors que Keddar a cru, pendant un moment, qu'il avait passé le cap du premier tour, grâce à son temps de 3 :40.63, avant que le verdict final ne soit livré au public : Keddar ratait de peu ces fameuses demi-finales. Il était, pourtant, tout à sa joie dans la zone mixte lorsque nous l'avons abordé. Il pensait, à ce moment-là, qu'il était qualifié et savourait son bonheur, hélas vain. «Je peux vous dire que j'ai tout donné et que mon rêve était de passer ce premier tour. Vous savez, j'ai bataillé durement pour être là. J'ajoute en outre que j'étais en préparation en France avec Makhloufi et qu'on m'a demandé de rentrer en Algérie pour prendre l'avion spécial pour Rio avec toute la délégation. Si j'étais venu à cette date, je serais resté plusieurs jours à Rio sans entraîneur à mes côtés. C'est Makhloufi qui m'a demandé de rester pour continuer à m'entraîner avec lui et c'est lui qui m'a payé le billet d'avion jusqu'à Rio». Voilà Keddar hors des Jeux, mais il a tout de même rêvé un court instant. Pour ce qui est de Makhloufi, sa qualification pour les demi-finales pourrait passer pour de la banalité, vu qu'il fait partie des meilleurs athlètes au monde de la distance. Mais pour cette série, la deuxième du jour, il y avait quelque chose de particulier en ce sens que moins de 24 heures (on pourrait, presque dire moins de 12 heures) plus tôt, l'Algérien venait d'en finir avec une épuisante finale du 800m. On craignait donc pour lui car il était un peu plus de 23 h quand cette finale s'est achevée. Makhloufi a dû, ensuite, se soumettre au rituel tour d'honneur dans le stade en exhibant le drapeau algérien avec les deux autres médaillés. Puis ce fut le passage obligé devant toute une armada de médias en commençant par les télévisions jusqu'à la presse écrite en passant par les radios. Troisième étape, le rituel contrôle anti-dopage suivi de la douche pour terminer par une longue conférence de presse en compagnie des deux autres médaillés. Cela nous a menés bien au-delà de minuit. Tout cela pour dire que Makhloufi n'a pas dû trop dormir avant de se retrouver de nouveau en piste. «A peine deux heures», nous a-t-il déclaré après qu'il ait gagné sa série. «Je vous avoue que j'appréhendais ce moment entre la finale du 800 et le début du 1500. Fort heureusement, je suis tombé dans une série au rythme lent. Cela a servi mes desseins bien que la chaleur m'ait gêné. Je vous avais dit lors du 800m que je me sentais bien. Je continue à avoir les mêmes sensations. Je vais bénéficier maintenant d'un jour de repos avant les demi-finales. Je vais essayer de bien récupérer car je sais que jeudi je vais encore être confronté à un autre défi qui consistera à gagner ma place en finale». On reverra donc Makhloufi jeudi à 20h45 locales (00h45 en Algérie) dans la première demi-finale dans laquelle il aura à se mesurer à un certain Asbel Kiprop, le champion du monde en titre et champion olympique en 2008 à Pékin, celui qui passe pour le grand favori à la médaille d'or, et Abdelaati Iguider, médaillé de bronze aux JO de Londres en 2012 et aux Mondiaux de Pékin en 2015.