Après plusieurs années de laisser-aller, les pouvoirs publics semblent décidés à donner un coup de fouet dans le domaine du foncier industriel, levier principal de l'investissement et du développement économique du pays. Dans le but de mettre fin à une gestion anachronique des quelques zones industrielles encore en activité au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, connue pour la rareté du foncier industriel, les pouvoirs publics, à travers l'Agence foncière de la wilaya, a décidé d'agir afin de réglementer ce qui reste encore comme zones industrielles et activités au niveau de la wilaya. Il s'agit surtout de démasquer les «faux investisseurs» qui se sont emparés depuis de nombreuses années de lots de terrains au niveau des différentes zones d'activité réparties sur le territoire de la wilaya, sans pour autant parvenir à ce jour à lancer le moindre projet d'investissement. En effet, un ultimatum a été lancé en direction de l'ensemble des acquéreurs de lots de terrain au niveau des différentes zones industrielles et d'activités de la wilaya afin de régulariser leur situation vis-à-vis de l'Agence foncière de wilaya. Il s'agit notamment de l'établissement d'actes de concession entre l'Agence foncière et les investisseurs ayant bénéficié de lots de terrain au niveau de ces zones. Dans une déclaration à la radio locale, le responsable de l'Agence foncière de la wilaya a indiqué que le délai accordé aux investisseurs pour la régularisation de leur situation a pris fin le 13 août dernier. «L'ensemble des acquéreurs de lots de terrain au niveau des zones industrielles de la wilaya sont invités à se rapprocher de notre agence pour le dépôt de dossiers de régularisation de la situation de leur terrain. Il s'agit de l'établissement d'actes et de contrats de concession de ces lots. Passé ce délai, tout investisseur n'ayant pas régularisé sa situation voit son lot de terrain retiré et accordé à d'autres investisseurs», affirme ce responsable. Selon ce même responsable, de nombreux lots de terrain accordés à des investisseurs ne sont toujours pas exploités, ce qui a poussé les pouvoirs publics à entamer cette opération qui consiste à régulariser l'ensemble des terrains accordés dans le cadre de l'investissement et débusquer ainsi les faux investisseurs qui ont bénéficié de lots de terrain sans avoir lancé le moindre projet. Pire encore, certains heureux bénéficiaires, notamment durant les années quatre vingt dix marquées par le terrorisme, ont changé de projet ou décidé de vendre carrément les terrains que l'Etat leur avait pourtant accordés à titre gracieux dans le cadre de l'aide à l'investissement. L'information a été donnée par le wali lors de la rencontre tenue dernièrement avec les investisseurs de la wilaya, qui a révélé que de nombreux «faux investisseurs» se sont accaparés de plusieurs hectares de foncier industriel, avant de le vendre à de tierces personnes. Des zones d'activité à l'abandon Il faut dire aussi que la situation dans certaines zone d'activité réparties sur les quatre coins de la wilaya n'encourage pas les éventuels investisseurs à lancer leurs projets, en raison de nombreux problèmes auxquels ils font fasse. On peut citer le cas de la zone d'activité de Boghni où rien n'incite les investisseurs à poursuivre leurs activités, selon les dires de nombre d'entre eux. Sur les 96 lots que compte cette zone d'activité créée au début des années 1990 et lancée en 2000, seuls 35 lots sont aujourd'hui en activité. De nombreux investisseurs refusent de rejoindre cette zone en raison de son état de délabrement qui n'incite pas les gens à y investir leur argent. Ceux déjà en place ne cessent, depuis de nombreuses années, de réclamer une meilleure prise en charge de cette zone qui génère pourtant des milliards de dinars et emploie des centaines de personnes. Selon un représentant des investisseurs, la zone d'activité de Boghni ne porte que le nom en raison de l'absence de la moindre commodité. Il s'agit surtout de l'absence d'aménagement, de l'état défectueux de la route, du manque d'eau potable, de l'absence de gaz de ville, du réseau téléphonique et d'internet. «Nous demandons au wali de prendre en charge dans l'immédiat nos revendications car nous ne pouvons plus continuer à travailler dans de telles conditions. La route menant à cette zone est délabrée, l'eau qui est pompée depuis l'oued nous coûte les yeux de la tête, avec une redevance de 4000 DA par mois que nous payons pour la location des compteurs, au lieu des 1200 DA réglementaires. La zone ne dispose pas d'un réseau internet, ni de lignes téléphoniques. Les gestionnaires de cette zone n'ont jamais écouté nos doléances qui sont pourtant légitimes», s'insurge cet investisseur au micro de la radio de la wilaya. Des doléances que les nombreux investisseurs qui ont eu le courage de poursuivre leurs activités au niveau de cette wilaya qui a connu une véritable chasse contre les investisseurs et les hommes d'affaires de la région. Plusieurs d'entre eux ont fait l'objet de kidnapping, d'où leur espoir de voir les pouvoirs publics arriver à une meilleure prise en charge de leurs cas. Lors d'une rencontre tenue le 23 juin dernier avec les investisseurs du secteur du tourisme de la wilaya, le wali avait tenu un discours rassurant à l'égard des porteurs de projets. Dans son discours, il a rappelé la nécessité d'orienter tous les efforts vers l'investissement sous toutes ses formes, «seule voie pour la création de l'emploi et de la richesse pour le pays en général et la wilaya en particulier», dira Brahim Merad à l'adresse des investisseurs locaux. Un beau discours que ces derniers espèrent voir se concrétiser réellement sur le terrain.