Des militants associatifs et le Centre de documentation des droits de l'homme de Béjaïa appellent à un sit-in, le 17 septembre, en hommage à Amira Merabet, la jeune femme brûlée vive à Constantine. Comme pour le rassemblement organisé l'année dernière en hommage à Razika Cherif, une autre jeune femme assassinée à M'sila par un homme auquel elle a refusé de céder, la manifestation du 17 septembre drainera à coup sûr beaucoup de femmes. Les organisateurs appellent l'ensemble de la société civile, la presse et les citoyens à venir en masse à la manifestation afin de «dénoncer ce crime odieux, les pratiques inhumaines, le harcèlement et les violences à l'égard des femmes», écrit le CDDH dans son appel rendu public hier. Agée de 34 ans, Amira Merabet, domiciliée au Khroub, à la périphérie de Constantine, a été brûlée vive en pleine rue début septembre par un homme dont on dit qu'il fut son compagnon avant leur séparation. Aux dernières nouvelles, l'auteur de ce crime monstrueux court toujours. La situation de la femme en Algérie est des plus dramatiques. Harcèlement sexuel, violence physique, abus… sont le lot quotidien des femmes algériennes qui sont les souffre-douleur d'une société écrasée par le poids des traditions et d'une culture religieuse des plus rétrogrades. Les organisations féminines qui se battent depuis des décennies pour apporter une once de changement au statut des femmes butent à chaque fois sur une législation méprisante à l'égard de cette moitié de la population que sont les femmes. Les ONG qui activent dans la défense des libertés n'arrêtent pas de leur côté d'appeler les pouvoirs publics pour l'adoption d'une réforme globale pour lutter contre les violences faites aux femmes. Ces mêmes organisations, qui évoquent des avancées à travers la loi criminalisant ces violences, militent cependant pour un changement radical. Gelée par les conservateurs après son adoption par les députés en mars 2015, cette loi a été finalement adoptée par le Sénat en décembre 2015, dans le sillage de l'assassinat en novembre de la même année de Razika Cherif, après la mobilisation des femmes et de la société civile à travers tout le pays. Ce texte qui modifie et complète le code pénal introduit dans ses dispositions la notion du harcèlement sexuel et punit toute forme d'agression ou de violence verbale ou psychologique.