Une cinquantaine de personnes s'est rassemblée, hier, à Constantine, en hommage à Amira Merabet, décédée la semaine passée, après avoir été brûlée vive. Les participants s'étaient donné rendez-vous vers 11h à hauteur du jardin public Bennacer (ex-La Brèche), dans le centre-ville. Certains ont déposé des fleurs, d'autres allumé des bougies, pour rendre un dernier hommage à Amira, mais aussi pour dénoncer la violence faite aux femmes. Une minute de silence a été observée comme l'ont souhaité les organisateurs. Les participants brandissaient des pancartes où l'on pouvait lire "Je suis Amira et j'ai été brûlée vive" ou encore "Il n'a pas brûlé ma fille, il a brûlé mon cœur avec elle". "Nous sommes indignés par ces actes commis contre les femmes et qui sont de plus en plus violents et cruels, dans une société qui ne bouge même pas le petit doigt pour y mettre un terme. Au contraire, on criminalise la victime", nous a déclaré Amel Hadjadj, l'une des initiatrices de ce mouvement. En effet, si ce rassemblement se voulait fort et digne, il n'en demeure pas moins que certaines personnes au comportement misogyne ont rejeté la responsabilité sur la victime en justifiant l'acte "abominable" qui lui a coûté la vie. "Elle doit avoir fait quelque chose de grave, sinon il ne l'aurait pas brûlée", a-t-on lancé. Cette situation à provoqué quelques échauffourées entre opposants et partisans du mouvement. Ces derniers ont d'ailleurs dû se disperser pour éviter d'autres débordements. Dans la tristesse à Oran Oran a voulu être à l'unisson avec Constantine et Alger pour saluer la mémoire d'Amira Merabet et se recueillir en espérant évacuer l'horreur du martyre de cette jeune fille, brûlée vive. Malheureusement, l'appel lancé sur les réseaux sociaux n'a pu réunir qu'un très petit nombre de personnes, entre militantes féministes, universitaires et citoyens activant dans le mouvement associatif. Regroupés, hier en fin de matinée, sur les marches du TRO, à la place du 1er-Novembre, les participants ont distribué un communiqué où l'inquiétude tout comme l'indignation sont mis en avant après un énième crime contre une femme. "Nous, citoyennes et citoyens, sommes au plus haut point indignés et meurtris par ce crime odieux, qui nous renvoie au fait incontestable que la rue et l'espace public algérien ne sont plus des espaces sécurisés pour les femmes et les filles", lit-on dans le texte. Plus loin, il est encore fait référence à cette violence de plus en plus banalisée, puisque "les rues sont les lieux de toutes les agressions et de toutes les violences masculines contre les femmes". Les participants au rassemblement estiment que les violences faites aux femmes et la tragédie d'Amira interviennent parce qu'elles "sont nourries par tout un système social et politique complices qui consacrent les discriminations contre les femmes et leur non-droit à être des citoyennes à part entière au même titre que les hommes". Au final, l'Etat sera interpellé pour qu'il accomplisse son devoir en assurant la "sécurité des citoyennes" et l'accompagnement des familles anéanties par la perte de leurs filles, tout en attendant que justice soit rendue à Amira Merabet et ses parents. Ines BOUKHALFA / D. LOUKIL