Les syndicalistes de l'éducation qualifient de «flagrante» l'insuffisance des enseignants dans les trois cycles durant la rentrée scolaire de cette année 2016. Selon eux, les postes vacants avoisinent les 50 000, et non pas 33 700 comme l'a annoncé, mardi, le directeur de gestion des ressources humaines au ministère de l'Education nationale, Fayçal Fadhel. Contacté par nos soins hier, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), a déclaré que «presque la moitié du manque d'enseignants dans les différents paliers est dû, en premier lieu, au départ massif à la retraite légale et anticipée par presque 21 000 enseignants. La majorité est partie en ce mois de septembre et le reste quittera l'éducation au mois d'octobre». En expliquant que «96% d'entre eux sont déjà partis et ont laissé un vide important». «Même le recrutement des 28 000 enseignants par concours paraissait insuffisant au départ, alors que maintenant, plusieurs parmi les admis au concours n'ont pas rejoint leurs postes», ajoute Amoura. «Le manque est estimé à plus de 48 000 enseignants sur le territoire national», ajoute-t-il. Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), a affirmé que le chiffre réel des postes vacants est estimé à 50 000. «Il est impossible que la liste d'attente des enseignants admis au concours suffise pour pourvoir les postes inoccupés», «il faut intégrer tous les contractuels qui ont été déjà recensés l'année passée, sans aucun concours». Il a expliqué, en ce sens : «A quoi ça sert d'organiser un concours pour un nombre d'enseignants qui est déjà inférieur a celui des postes vacants, et pour cela, il faut leur donner directement des postes budgétaires, en plus, ce sont des enseignants qui ont une expérience d'au moins 5 ans». Concernant la solution que doit prendre la tutelle, Boudiba déclare : «Il faut revenir à la création des instituts et des écoles supérieures spécialisées, et bien sûr, avec une grande organisation en termes de besoins nationaux, en genre et en nombre, des enseignants qui ne cesse de s'accentuer, chaque année». De son côté, Ahmed Khaled, président de l'association nationale des parents d'élèves, indique que «la situation de manque d'enseignants est non pas la faute de la tutelle, comme l'affirment certains, mais aux enseignants admis au concours de recrutement des 28 000 postes budgétaires eux-mêmes». Il s'explique : «Presque 70% de ceux qui ont obtenu le concours sont des femmes, et sous prétexte quelles ont été affectées loin de leur domicile et aussi par manque de transport, plusieurs enseignantes ont laissé leur poste inoccupé dans plusieurs établissements scolaires.» Ahmed Khaled ajoute : «Passer le concours et laisser les élèves sans professeur, c'est injuste, c'est un manque de responsabilité professionnelle.» La deuxième faille qui a causé la pénurie d'enseignants en cette rentrée scolaire 2016/2017, réside aussi dans le départ à la retraite anticipée d'un nombre important d'enseignants. «Ils ont réagi vite par crainte d'être soumis à la décision prise par le gouvernement qui les obligent de compléter les 32 ans de service», ajoute-t-il. Ce manque est aussi dû à d'autres cas «isolés» pour notre interlocuteur, tel que l'accomplissement du rite du hadj par plusieurs enseignants, le changement de résidence de femmes enseignantes suite au mariage ou bien à des congés de maternité. La solution qui doit être prise dans l'immédiat réside dans l'intégration des enseignants inscrits sur la liste d'attente après le dernier concours de recrutement de 28 000 enseignants. «Le recrutement de nouveaux contractuels comblera aussi le vide», a ajouté Khaled. «Quant aux solutions à moyen et à long termes, l'Etat doit ouvrir, dans chaque wilaya, un institut de technologie de l'éducation», conclut-il.