Le Puits, premier long métrage de Lotfi Bouchouchi, s'il venait à faire partie de la short list, aura des chances de décrocher la précieuse statuette d'or lors des Oscars 2017. Depuis sa sortie en novembre 2015, Le Puits ne cesse de rafler des prix partout où il passe dans le monde. Depuis sa récente sélection par le comité local de sélection, présidé par le cinéaste Mohammed Lakhdar Hamina afin de représenter l'Algérie aux Oscars, Lotfi Bouchouchi a entamé une campagne de promotion de son film (travail d'ordinaire réservé aux distributeurs) afin que chaque algérien puisse le voir et ainsi le soutenir. Dans cet entretien, Lotfi Bouchouchi parle de son film et de son rêve d'obtenir un Oscar.
Le Temps d'Algérie : Parlez-nous de la campagne que vous allez faire à travers tout le pays pour promouvoir le film... Lotfi Bouchouchi : A partir du moment où on nous a choisis pour représenter l'Algérie aux Oscars 2017, personnellement, j'ai ressenti un poids, plus qu'un soulagement, car j'ai le devoir de réussir. Du coup, je me dis qu'on n'a pas de distributeurs, on arrive trop tard, il y a plein de choses à faire... Cela dit, on a un bon film. Toute personne l'ayant vu en Algérie ou ailleurs l'a apprécié. Les algériens son connus pour se regrouper à soutenir une idée, un projet… comme ce fut le cas en 2009 pour l'équipe nationale. Tout le peuple algérien dont le président de la république M. Abdelaziz Bouteflika, a soutenu le Football algérien. Je me dis donc, pourquoi ça ne serait pas pareil pour une cause culturelle ? C'est pour cela qu'il faudrait que tous les algériens se rassemblent et soient fédérés autour de ce projet. Et c'est déjà une grande chose pour nous car nous aurons cru en un projet. Et c'est en prenant cette aventure comme exemple qu'on pourra prétendre à faire autre chose plus tard et cela boostera la jeunesse algérienne à entreprendre des projets cinématographiques. C'est une première expérience, une belle aventure et moi je crois fortement en mon film, je ne veux pas baisser les bras.
Concrètement, qu'attendez-vous des algériens ? Concrètement, que l'algérien aille voir le film. On va le distribuer de manière à ce qu'il soit disponible pour que tout le monde le voie. C'est très important, une fois que le film est vu, il sera soutenu. Après, chacun fera ce qu'il pourra, par exemple si quelque a un cousin au USA, qu'il lui dise d'aller voir le film… Quand vous avez des centaines de milliers de personnes qui font ça, c'est énorme, et c'est ce qui pourra attirer l'attention de l'électeur américain, qui lui, a 90 films à voir en un ou deux mois. Il verra des Pedro Almodovar, une Penélope Cruz qui passeront des semaines dans toutes les télévisions américaines, et à un moment donné, il sera submergé par tout cela. Nous, nous nous solidarisons autour du film. Je pense qu'on pourra y aller. Ensuite, il y a les entreprises, publiques ou privées, si elle veulent aider et soutenir le film car il va falloir faire des projections aux USA, et elle ne sont pas gratuites. M. Lakhdar Hamina a parlé de 500 ou de 800 000 euros pour soutenir le film. Je ne sais pas combien il faudra pour ce faire, je sais seulement qu'avant tout, il faut y croire et aimer le film dans son propre pays. Car si chez vous, vous n'êtes pas convaincant, comment irez-vous convaincre les autres ? On demande aussi le soutien de l'Etat.Les ministères de la communication et de la culture ont mis à notre disposition les 11 cinémathèques du pays pour y projeter le film plusieurs fois. La cinémathèque est du coup partenaire dans cette campagne.On essaie aussi de mettre à notre disposition toutes les entreprise culturelles. On essayera même de le projeter lors du Sila 2016. Aussi, on travaille sur une grande projection qui aura lieu le 13 octobre à l'opéra d'Alger et tout le monde y est convié…
Qu'en est-il de la concurrence ? Il y aura 90 à 100 films sélectionnés à travers le monde. Certains pays tels que la France n'ont pas encore proposé leurs films. D'autres ont déjà distribué leurs films aux USA depuis plus de deux mois. Il y a 500 électeurs qui choisiront en décembre, 10 films pour la short-list. Puis, du 15 décembre aux 15 janvier, 7000 électeurs voteront pour cinq films qui seront nominés et iront aux oscars. Un seul d'entre eux sera oscarisé meilleur film en langue étrangère. On part un peu affaibli par rapport aux grandes nations du cinéma. C'est pour ça que je veux fédérer les algériens et ainsi leur engouement envers le film aura un effet là-bas. Le film sera projeté aux Etats-Unis, espérons-le, en novembre prochain.