Les manœuvres souterraines, très souvent nocives, que mène lOccident pour imposer son agenda et sa démarche de règlement de la crise en Libye, remontent à la surface. En réunissant, lundi à Paris, une conférence internationale sur la Libye, en présence de tous les pays soutenant le néo-maréchal Haftar, le Quai d'Orsay aura confirmé les «bonnes intentions» de la France. Comment prétendre vouloir restaurer la paix dans ce pays ouvert aux quatre vents, quand on oublie (?) d'inviter son gouvernement, pourtant reconnu par ce qu'il convient d'appeler, par commodité de langage, «la communauté internationale» ? Il est tout aussi bizarre de convier l'Egypte, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Turquie, l'Arabie saoudite, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni et zapper les voisins immédiats de la Libye, l'Algérie et la Tunisie ! De quelle paix, de quelles bonnes intentions a-t-on parlé à Paris à propos de la Libye, quand ces deux pays si incontournables soient exclus ? A quoi joue la France qui porte, faut-il le rappeler, une responsabilité historique dans le chaos libyen et qui opère en cachette avec ses forces spéciales, aux côtés du sulfureux maréchal Haftar, qui ne cache plus sa mission de fantassin de l'Occident ? Désormais, les jeux, mais surtout les enjeux, sont clairs s'agissant de la conduite à tenir en Libye. Tel un cadavre encerclé, les alliés otaniens se rassemblent à nouveau comme des vautours pour piquer leur nez sur cette Libye qu'ils ont livrée aux milices armées pour mieux la dépecer. Il est plus que jamais à craindre que le temps ne soit venu pour passer à la phase opérationnelle de ce plan diabolique mis en œuvre en 2011. Cette fumeuse conférence de Paris a tout l'air d'être une autre séquence d'un long film d'horreur qui se joue depuis cinq ans en Libye et dont l'épilogue serait la partition de ce pays en trois entités distinctes. Un scénario hollywoodien conçu et réalisé par la France et les Etats-Unis, avec des acteurs du Moyen-Orient et dont les Libyens et leur gouvernement légitime ne seront que des figurants. Sur le terrain, l'homme de main de l'Occident, Khalifa Haftar, fait déjà le sale boulot en mettant, notamment, la main sur le Croissant pétrolier à Syrte. Il prépare le terrain à l'arrivée des multinationales occidentales pour pomper le gaz et le pétrole des Libyens, en contrepartie de son adoubement comme nouveau «Guide» d'une Libye apprivoisée. Et ce n'est pas de la politique fiction puisque ce fameux maréchal Haftar, qui a passé près d'un quart de siècle en Californie, a déjà créé sa propre compagnie des hydrocarbures la (National Oil Company) et sa propre Banque centrale s'il vous plaît… ! Et Daech n'y est pour rien… C'est ce plan de prise de pouvoir qui a dû être le menu de la conférence de Paris. Exit Daech à qui on peut faire jouer un rôle et le mettre en mode vibreur, quand il s'avère inutile. On comprend mieux pourquoi le président du Conseil présidentiel et chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez Al Sarraj, et son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Tahar Siyala, étaient venus à Alger. Indésirables à Paris où se discutait entre copains et coquins le sort (horrible) de son pays, ils sont venus prendre conseil d'un pays ami et frère qui n'a strictement aucune prétention économique, politique ou territoriale sur la Libye. «Dans toutes les réunions sur la Libye, l'Algérie est, incontestablement, l'un des pays les plus influents», a affirmé à juste titre le chef de la diplomatie libyenne dans une allusion évidente à la réunion de Paris. L'Algérie qui est attachée à la solution politique inclusive qui garantisse l'intégrité territoriale de la Libye a, d'ailleurs, convoqué, pour fin octobre, une réunion du Comité des cinq avec les pays du voisinage, sous la bannière de l'Union africaine (UA). Une initiative qui trace clairement la ligne de démarcation entre le camp de la paix et celui de la guerre en Libye.