Manque d'encadrement et de compétences administratives, un autre problème qui hante le secteur de l'Education nationale. Cette insuffisance a généré l'anarchie au sein des établissements qui souffrent de ce problème. Des adjoints d'éducation chargés de gérer un lycée entier, des surveillants généraux assurant la fonction de directeur et de proviseur et des adjoints de service économique, à la place des intendants. Des syndicats du secteur comme le Syndicat autonome des personnels de l'administration publique(Snapap), dénoncent cette situation générée par un statut particulier qui présente des disparités flagrantes en termes de classification, de promotions et de conditions de travail. Il s'agit du décret 12-240 amendant celui de 08-315. Ce texte contient des irrégularités ayant causé des «dégâts inimaginables» sur le terrain, selon le chargé de la communication du Snapap. «Le statut actuel est par définition une destruction massive des compétences, avec l'hémorragie interne qui, si elle continue, on fera appel à ceux du pré-emploi pour diriger les établissements scolaires», indique Nabil Ferguenis. C'est une raison pour laquelle la révision du décret de Benbouzid est revendiquée par sa corporation. Incompétents qualifiés Qualifier les incompétents pour combler le vide est également remis en cause par le syndicat de la Fonction publique. Il évoque, dans ce sens, la dérogation du ministère qui accorde le droit aux professeurs principaux qui échouent au concours d'accès au poste de professeur formateur, de participer au concours de chef d'établissement et proviseur. «Ce concours est devenu un raccourci aux moins compétents et aux adeptes d'une tendance anti-réforme», fustige notre interlocuteur. Un déficit grave de surveillants généraux a été soulevé par ce dernier, en expliquant «qu'ils sont chargés momentanément de diriger des établissements scolaires sans relève, car le statut actuel ne permet pas au superviseur de participer au concours d'accès au poste de surveillant général ». La solution pour faire face à ce manque, est de confier les tâches de surveillants à un «simple adjoint d'éducation», sans formation ni rémunération. «En somme, c'est la politique du bricolage», qualifie-t-il. Néanmoins, ce manque n'est pas sans conséquences, parmi lesquelles un relâchement de la discipline et une recrudescence de la violence scolaire. Le déficit s'étendra pour toucher même le service de restauration. En effet, les cantines scolaires souffrent du manque d'ouvriers, dont la majorité sont partis en retraite sans qu'ils soient remplacés. Revenant sur les listes d'attente considérées comme une bouée de sauvetage pour faire face au manque d'enseignants, le porte-parole du Snapap n'a pas manqué d'évoquer les problèmes dus au recours à ces listes. La mauvaise gestion de ce dossier a compliqué, selon notre interlocuteur, les choses en créant d'autres problèmes dont celui de l'hébergement. Une autre injustice à mentionner, ajoute-t-il encore: la flagrante différence de salaires entre des enseignants de même diplôme qui travaillent dans les différents paliers. Et pour finir, le Snapap a mis l'accent sur la nécessité de revoir ce statut, afin de mettre un terme à la médiocrité qui bat son plein.