L'Algérie célèbre la Journée nationale de l'émigration, coïncidant avec le 55e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961. A cette occasion, l'association Machâal Echahid a organisé, hier, au Forum d'El Moudjahid, une rencontre pour rappeler le rôle des étrangers à la guerre de Libération, notamment celui de la figure emblématique Francis Jeanson. Fondateur des «porteurs de valises», l'un des premiers réseaux de soutien au FLN, le philosophe et militant Francis Jeanson se voulait le défenseur des causes justes. Il s'était engagé très tôt aux côtés des combattants algériens après le déclenchement de la guerre de Libération. «Les membres de ce réseau étaient des Français qui avaient milité pour la cause de l'indépendance algérienne. Ils ont assuré l'acheminement de grandes sommes d'argent et des lots d'armes vers l'Algérie», a indiqué Abdelmadjid Chikhi, directeur général des Archives nationales. Pour lui, «la Révolution algérienne comportait des valeurs humaines que nous avons partagées avec nos amis et alliés étrangers». Ces alliés qui, selon lui, furent non seulement des porteurs de valises mais aussi des porteurs d'espoir pour toute une nation. Chikhi a fortement critiqué les propos de certaines parties qui affirment que les Algériens n'ont eu aucune aide pour obtenir l'indépendance. «Ce serait ingrat de notre part de nier que la Révolution algérienne a été possible grâce à plusieurs aides étrangères», a-t-il lancé. Dans ce contexte, le DG des Archives est longuement revenu sur le rôle des réseaux de soutien à la Révolution. Il y a, selon lui, ceux qui apportaient leur aide sur le plan moral à travers des écrits de journalistes et d'intellectuels en faveur de l'indépendance. Alors que d'autres activaient sur le terrain pour la collecte de fonds et d'armes. Le même responsable a salué le courage et la force des membres du FLN qui ont pu tisser des liens avec de hauts responsables et hommes d'affaires étrangers à la tête de ces réseaux. L'intervenant a mis l'accent, par ailleurs, sur l'importance de faire connaître l'histoire aux générations futures. Il a insisté sur le rôle des enseignants, qui doivent impérativement élargir leurs connaissances pour inculquer l'histoire à leurs élèves. Chikhi a également cité le rôle des romanciers qui devraient eux aussi s'y mettre pour retracer l'histoire. Hommage aux Français amis de la Révolution Pour sa part, la moudjahida Akila Ouared regrette le fait qu'aucun hommage n'a été rendu à certains étrangers qui ont soutenu la Révolution. Elle cite le cas d'André Michelle, une femme «courageuse» qui a longtemps apporté son aide à la Révolution. «Elle nous aidait à transférer de l'argent et des documents entre la France et l'Algérie», témoigne Ouared, ajoutant : «Elle m'a même aidée à suivre une formation pour soigner les blessés de la guerre». La journée nationale de l'émigration est, selon elle, l'occasion pour reconnaître les efforts de nos confrères français et leur rôle dans l'indépendance de notre cher pays.