Comme attendu, Brahim Chagaf a décroché, samedi soir, le fameux trophée du chameau blanc à la 13e édition du Festival du film du Sahara (Fisahara). Le film Leyuad, réalisé par Gonzalo Moure et Brahim Chagaf, a séduit le jury et le public qui l'a longtemps applaudi lors de sa projection. «Mon cœur a bien battu, je voulais avoir ce prix et finalement je l'ai eu !» nous a déclaré Brahim Chagaf quelques secondes après la remise du prix de la meilleure production cinématographique. «Je le dédie à tout mon peuple qui à souffert des affres de l'occupation et qui continue à en souffrir aujourd'hui encore», enchaîne-t-il, la voix étouffée. Ce film raconte la quête d'Imam Boisha, poète sahraoui en exil, qui revient au Sahara occidental à la recherche de l'essence de sa poésie. Accompagné du sage Belga, du philosophe Mohamed Salem et de l'érudit Bonnana Busseid, il part vers Leyuad, terre ancestrale des Hommes du Livre et berceau de l'identité du peuple sahraoui. Le second prix a été décroché par l'Iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami avec son original film documentaire Si Sonita. Il relate le parcours de Sonita, 18 ans, une jeune réfugiée qui habite depuis dix ans dans la banlieue pauvre de Téhéran. Sonita rêve de devenir une artiste, une chanteuse, en dépit des obstacles auxquelles elle est confrontée en Iran et au sein de sa famille. Cette jeune fille se fera aider par la productrice elle-même. Quant au film El Ghorba, il a eu le 3e prix. Deux prix honorifiques ont été aussi décernés. Le premier a été remis à la star du cinéma espagnol Clara Lago et le second à la palestinienne Riham Ghali pour leur parcours et leur contribution à mettre en lumière le long combat de ces réfugiés pour la défense de leurs droits. Clara, la jeune actrice espagnole de 26 ans qui a également assuré l'animation de la clôture, a déclaré avoir «beaucoup entendu parler de ce festival cinématographique auquel je n'ai auparavant pas pu assister en raison d'engagements professionnels». Emue, elle enchaîne : «Aujourd'hui, je suis très heureuse d'être ici aux camps de refugiés». D'un regard critique, Clara juge que «ce festival a sélectionné de bons films, traitant de l'engagement à travers différentes thématiques. Toutes sont intéressantes. C'était une super belle expérience. Chaque film m'a permis de voyager dans un pays différent, et ça m'a rappelé à quel point c'est nécessaire de voir ailleurs comment les autres vivent». Quant à la réalité du peuple sahraoui, elle reflète, a-t-elle dit, la justesse de leur cause. «Aujourd'hui, je suis convaincue de la nécessité d'élargir la chaîne de solidarité avec le peuple sahraoui, après avoir pris connaissance de près leur situation de sa vie», a-t-elle ajouté sous les applaudissements du public. Mustapha Mohamed El Fadhel, secrétaire général au ministère de la culture, a exprimé sa fierté et affirmé que cet événement culturel et de cinéma au Sahara occidental est «une plate-forme internationale et un espace pour la convergence et la solidarité. L'organiser aux camps de réfugiés sahariens est déjà un soutien à l'autodétermination». Du culturel au politique … Au-delà de l'aspect culturel de l'événement, le Fisahara véhicule un message politique bien confirmé. Le premier ministre de la République Arabe du Sahara Démocratique, Abdelkader Taleb Omar a déclaré, samedi soir, à l'occasion de la clôture du 13e Fisahara, que «le colonisateur marocain est appelé à se ressaisir et à respecter les décisions des Nations unies dans les plus brefs délais sinon nous, peuple sahraoui, serons contraints de reprendre les armes». De notre envoyée spéciale aux camps de réfugiés