Les journées de grève seront défalquées des salaires et la prime de rendement sera supprimée pour les enseignants grévistes, a indiqué hier la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, sur les ondes de la Radio nationale. Elle a également réaffirmé sa disposition au dialogue avec les partenaires sociaux du secteur. «Les portes du dialogue restent ouvertes» avec les syndicats du secteur pour engager un débat autour du mouvement de protestation annoncé par le bloc des syndicats autonomes pour les 17 et 18 octobre, estimant que l'annulation de la retraite anticipée n'est pas l'affaire du secteur de l'éducation mais de tout le gouvernement. Benghebrit a toutefois déploré que six syndicats aient boycotté samedi une rencontre d'information sur le dossier de la retraite anticipée, organisée à la demande des organisations syndicales et à laquelle a assisté le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi. Elle a ajouté que son département a tenu à dissocier cet atelier de travail de la rencontre que les syndicats ont demandé au sujet du mouvement de grève, soulignant que ces syndicats étaient présents à la réunion de samedi. Le projet de loi passera devant l'Assemblée populaire nationale et sera soumis au vote des députés, a-t-elle ajouté. S'agissant de la réforme du baccalauréat, la première responsable du secteur a affirmé que le seul changement cette année est la réduction de la durée de l'examen, approuvée à l'unanimité lors des rencontres nationales avec de nombreux enseignants et inspecteurs. La proposition de réduire le nombre des jours des épreuves du baccalauréat sera examinée en Conseil des ministres, a-t-elle ajouté, précisant que les autres propositions seront appliquées de façon «progressive». Par ailleurs, la ministre a indiqué que la question d'un seul sujet aux épreuves du baccalauréat ne «figure pas à l'ordre du jour» cette année même si les rapports des inspecteurs et des enseignants montrent que le fait d'avoir à choisir entre deux sujets «perturbe et déconcentre l'élève». Quant au recrutement des enseignants, Benghebrit a indiqué que des concours seront organisés l'année prochaine. Elle a souligné, par ailleurs, que le nombre d'enseignants contractuels a baissé cette année (5541), sachant que la contractualisation touchait entre 30 000 et 80 000 enseignants, ces dernières années. Réactions Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest : «La décision de retrait sur salaire ainsi que la suppression de la prime de rendement prise par les pouvoirs publics contre les grévistes est une mesure à laquelle le gouvernement a de tout temps recouru. C'est une décision qui a pour but de dissuader les fonctionnaires, mais dont l'impact n'a jamais été ressenti. Nous nous inscrivons dans un mouvement de large mobilisation et ce n'est pas ces mesures contraignantes qui vont entamer notre détermination. Nous savons faire des sacrifices. Cela va de l'avenir du travail dans notre pays. La mobilisation sera au rendez-vous pour signifier au gouvernement que la suppression de la retraite anticipée et sans condition d'âge est une erreur car, encore une fois, elle est faite dans la hâte et sans concertation. Nous sommes convaincus que cette grève aura un large suivi. Je suis même sûr que la mobilisation touchera d'autres secteurs de l'économie.» Lyes Merabet, président du SNPSP :«Les retenues sur salaires décidées par les pouvoirs publics contre les grévistes se font malheureusement de manière illégale. Ce sont des mesures répressives auxquelles ont recourt les autorités, pensant que cette manière de faire, depuis 2004, découragerait notre mouvement. Normalement, une telle décision se prend d'un commun accord entre les pouvoirs publics et les syndicats. Chose qui ne se fait pas en Algérie. En tout cas, nous nous sommes préparés à toutes les pressions, voire aux poursuites judiciaires. Nous savons le prix à payer et les sacrifices à faire pour arracher de meilleures conditions de travail. La décision des autorités n'entamera en rien notre détermination.»