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Coup de théâtre hier à l'hôtel El Aurassi d'Alger: L'homme politique le plus atypique de l'histoire du FLN, Amar Saâdani, a rendu le tablier à l'issue de la session ordinaire du comité central du parti.
Depuis le matin, la rumeur de sa démission était au cœur des discussions entre les membres de l'instance et les journalistes. Lorsque Saâdani annonce sa démission, à 15h30, le choc fut déjà désamorcé par la force et la persistance de la rumeur. «Qui veut retirer la confiance au secrétaire général ?», lance-t-il à l'adresse des membres du comité central. «Personne», répondent ces derniers. «Que tout le monde enregistre que personne ne veut me retirer la confiance. Je dois, toutefois, vous dire la vérité. J'étais absent pendant plus de trois mois pour des raisons de santé», a-t-il repris. Alors que le doute allait s'installer, l'orateur coupe court. «Je présente ma démission», a-t-il annoncé. Tout le monde se lève pour s'opposer à cette démission. Mais le désormais ex-secrétaire général du FLN insiste. «Même si elle est rejetée, j'insiste sur ma démission.» Tout le monde aura alors compris que le règne de Saâdani sur le parti majoritaire a pris fin. Juste après, l'orateur propose et prie les membres du comité d'accepter que Djamel Ould Abbès lui succède. Ce qui est fait. Dans sa laconique intervention, le nouveau patron du FLN a évoqué ouvertement l'option d'un cinquième mandat du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Le destin aura donc voulu que la fin de Saâdani soit arrivée dans le même lieu, et la même salle où, un certain 29 août 2013, il a été installé à la tête du parti, à l'occasion d'une session très houleuse de la même instance, le comité central en l'occurrence. Ainsi, après trois ans d'aventurisme, avec un discours belliqueux où l'insulte se mêle à l'invective, le FLN tourne une page pour en ouvrir une autre. Son dernier discours, où il s'est attaqué avec virulence et de graves accusations à l'encontre de l'ancien patron du DRS, le général Toufik, et ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, lui a été fatal. «On n'accepte pas le chaos dans le pays», a justifié un membre du bureau politique, bien avant l'annonce officielle de la démission. A vrai dire, depuis le matin, le départ de Saâdani était dans l'air. Des ministres en exercice, membres de l'instance, ont donné du crédit à la rumeur. Contrairement à l'habitude, Saâdani est rentré tout seul dans la salle, avec un large sourire. Tayeb Louh, l'homme fort du président Bouteflika, ne l'a pas accompagné à l'entrée de la salle. Ce qui est déjà interprété comme un signal fort de la part de l'entourage présidentiel d'isoler le désormais ex-patron du FLN. Les membres du comité ont longuement applaudi et scandé le nom de Saâdani. Mais ce dernier sait plus que quiconque que son sort ne dépend pas de cette instance. La démission était minutieusement étudiée. Il a été demandé à Saâdani d'annoncer son départ à l'issue de la réunion et non pas à son ouverture. Il a épuisé l'ordre du jour et prononcé un long discours où il a réitéré, avec insistance, le soutien du parti à Bouteflika. «Les défis qui attendent le parti exigent de nous de rester mobilisés car nous sommes la cible de plusieurs parties», a-t-il déclaré, ajoutant que le FLN a tous les moyens de remporter les prochaines élections législatives. Dans un message adressé on ne sait à qui, Saâdani a affirmé qu'«arriver au pouvoir doit passer par le peuple qui détient la souveraineté». «Bouteflika a été élu le 17 avril à l'intérieur du pays et non pas à l'extérieur à travers des élections transparentes», a-t-il dit. Après la fin de son message et la présentation de deux rapports, il a levé la séance, laissant la salle dans l'expectative pendant près de trois heures. Son successeur a déclaré à la presse, en marge de la réunion, qu'il œuvrera à l'union des rangs au sein du parti, ouvrant ainsi la porte au retour des anciens dirigeants du parti, écartés par Saâdani.