L'intersyndicale autonome organisée contre le projet de loi mettant fin au départ à la retraite proportionnelle et sans condition d'âge a repris hier la protestation, maintenant ainsi le forcing sur le gouvernement afin de retirer cette réforme. Au premier jour de la grève qui se poursuivra aujourd'hui, l'adhésion des travailleurs, notamment du secteur de l'éducation nationale qui domine ce bloc syndical, a été au rendez-vous, à en croire la cellule de suivi de la grève. Les chiffres avancés par l'intersyndicale font état d'un taux de suivi de «75,30% dans l'éducation et de 74% dans le secteur de la santé». Ce dernier, bien qu'amoindri par le retrait du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a, quand même, été affecté en raison de l'adhésion des praticiens généralistes de la santé publique affiliés au Snpsp. Le taux de suivi le plus élevé reste sans conteste celui enregistré dans les services vétérinaires au niveau des wilayas, ports et abattoirs (85,5%). Forts d'un syndicat représentatif, les vétérinaires ont été au rendez-vous. Dans l'administration publique, «les communes ont été paralysées à 75%», tandis que l'enseignement supérieur n'a connu qu'un «suivi de 35%». Le syndicat de la formation professionnelle a, quant à lui, enregistré un chiffre de «52%». Pourtant, il faut reconnaître que plusieurs établissements scolaires n'ont pas repris le mot d'ordre de la grève, après les menaces de ponction sur salaires contre les enseignants grévistes proférées par la ministre de tutelle, Nouria Benghebrit. Ce qu'a dénoncé d'ailleurs, hier, l'intersyndicale dans un communiqué. Tout en saluant «l'adhésion de la base travailleuse de plusieurs secteurs» et son «attachement» aux revendications légitimes, elle s'est élevée contre ce qu'elle qualifie de «menaces et intimidations contre les libertés syndicales». Les syndicats grévistes ont aussi dénoncé avec vigueur «les propos provocateurs qui ne font qu'empirer la situation», dans une allusion aux déclarations du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, ainsi qu'à celles de Nouria Benghebrit. Ces menaces, explique Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, «ne diminueront en rien de notre détermination à arracher nos droits les plus légitimes». Pour ce qui est du retrait du SAP, notre interlocuteur estime que «c'était déjà prévisible». Les représentants des paramédicaux, fustige-t-il, «sont des amateurs du syndicalisme». De plus, les mises en garde des travailleurs du secteur économique à Rouiba de rejoindre le mouvement se veulent comme «un espoir» qui ne peut que conforter les syndicats autonomes de la Fonction publique. La grève entamée les 17 et 18 octobre, reconduite hier, se poursuivra aujourd'hui, en attendant que les syndicats grévistes se réunissent pour décider des suites à donner à l'action. Une chose est sûre, le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats va vite changer d'arène pour se dérouler au niveau de la chambre basse du Parlement. Les députés seront appelés à débattre en séances plénières le projet de réforme de la retraite, dès la semaine prochaine. Les groupes parlementaires de l'opposition ont d'ores et déjà exprimé leur «soutien» et «solidarité» aux syndicats. Ce qui augure d'une chaude bataille contre les élus de la majorité FLN - RND.